Site icon La Revue Internationale

Des Tunisiennes partent faire le «djihad du sexe» en Syrie

[image:1,l]

Le phénomène n’est pas nouveau. Mais le ministre de l’Intérieur tunisien, Lotfi Ben Jeddou, a tenu à le rappeler à la tribune de l’Assemblée nationale constituante (ANC) lors d’une session plénière jeudi 19 septembre.

« Elles ont des relations sexuelles avec vingt, trente, cent » djihadistes au nom du « djihad al-nikah » – « la guerre sainte du sexe » – et reviennent généralement « enceintes » en Tunisie, a déploré le ministre de l’Intérieur.

« Mariage » express

Considéré comme une forme légitime de guerre sainte par certains djihadistes, notamment par des salafistes wahhabites [une branche extrémiste de l’Islam], le djihad al-nikah permet à des femmes d’avoir des rapports sexuels hors mariage avec plusieurs partenaires. M. Ben Jeddou n’a pas donné plus de détails sur le phénomène : on ne sait pas combien sont ces femmes – la presse tunisienne évoque « des centaines » de cas –, ni dans quelles conditions elles sont recrutées.

Rachid Barbouch, blogueur sur le site de Mediapart, explique que « ce « nikah » est une sorte de mariage CDD [à durée déterminée] qui peut durer quelques minutes, une heure ou quelques heures. Les deux partenaires divorcent après consommation. La femme « se donne » après à un autre ou à d’autres partenaires, suivant un rituel religieux. »

« Le mot « nikah » est polysémique. Il renvoie à plusieurs notions plus ou moins distinctes. Il peut être traduit par « mariage », « sexe », « sexualité », « amour physique » ou par d’autres termes plus vulgaires », rappelle le blogueur.

La Tunisie condamne cette forme de djihad

Selon Noureddine Khadmi, ministre tunisien des Affaires religieuses interrogé en mars dernier par la radio tunisienne Shems FM, le djihad al-nikah est « étranger » à la Tunisie. Le ministre a également précisé que son ministère était contre les discours de mobilisation et d’incitation à ce genre de pratiques, condamnant par la même occasion les « fatwa » [avis juridiques islamiques] appelant à cette forme de djihad.

Les jeunes filles ou femmes seraient recrutées dans les quartiers populaires en périphérie des villes tunisiennes par « des associations pseudo-caritatives ou soi-disant religieuses de la mouvance islamiste », selon le site tunisien Kapitalis.

L’avocat Badis Koubakji, président de l’Association de secours aux Tunisiens à l’étranger, expliquait pour sa part sur Assabah News que des centaines de Tunisiennes pratiqueraient le « djihad du sexe ».

« Dès qu’elles arrivent dans les camps des combattants islamistes, elles sont accueillies en grande pompe et une « zeffa » [cérémonie] est organisée en leur honneur. Ces jeunes femmes se mettent tout de suite au service des « thouars » [révolutionnaires]. Six hommes se relayent souvent sur une seule femme tous les jours », indiquait-il récemment. L’avocat tirait ainsi la sonnette d’alarme pour alerter sur les risques que peuvent provoquer ces relations sexuelles qui se soldent souvent par des naissances non contrôlées.

Des milliers de Tunisiens enrôlés en Syrie

Le ministre de l’Intérieur tunisien a également rappelé jeudi que les autorités tunisiennes avaient empêché le départ de 6 000 Tunisiens vers la Syrie depuis mars 2013 et arrêté 86 individus suspectés de former des réseaux djihadistes qui envoyaient des jeunes hommes combattre en Syrie.

Lotfi Ben Jeddou a précisé que les cellules de crise mises en place pour « surveiller les activités terroristes aux frontières et dans le maquis face à la montée du courant salafiste extrémiste » devront également « enquêter sur les réseaux qui enrôlent les jeunes pour aller combattre en Syrie. »

Selon l’avocat Badis Koubakji, « le nombre de Tunisiens et Somaliens envoyés en Syrie est impressionnant. La situation de ces djihadistes, filles ou garçons, est lamentable. Plusieurs d’entre eux partis en Syrie viennent de France, d’Allemagne et surtout de Belgique. Plusieurs ont été tués, d’autres sont encore dans les camps du mouvement terroriste Al Nosra [affilié à Al-Qaïda]. Ceux d’entre eux et d’entre elles qui demandent à rentrer au pays sont empêchés et souvent même liquidés », rapporte le site Afrik.com.

Quitter la version mobile