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Egypte: «la communauté syrienne est victime de harcèlement»

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JOL Press: Comment se traduit la montée du sentiment anti-syrien en Egypte ?

Association Aazer : Ce sentiment anti-syrien croissant en Egypte se traduit par les nombreuses arrestations de Syriens par les forces égyptiennes, bien qu’ils aient obtenu l’asile politique et que leurs papiers soient en règle.

Selon l’ONG Human Rights Watch, le 19 et le 20 juillet, environ 9 enfants et 72 hommes ont été arrêtés sans qu’il y ait aucune charge officielle contre eux. Le 25 juillet, les forces égyptiennes ont fait irruption dans la maison de certains Syriens, dans un endroit appelé « Masaken Othman » et ont procédé à l’arrestation de 19 Syriens. Là encore, la police n’avait aucune charge contre eux.

Le 9 août dernier, ce sont 125 Syriens – dont 24 enfants âgés de 2 mois à 10 ans – qui ont été arrêtés en essayant de quitter l’Egypte illégalement. Le procureur a ordonné leur libération, mais les forces de sécurité les ont retenus pour des raisons de «sécurité nationale» et la plupart d’entre eux ont été renvoyés. 

Différents témoignages nous parviennent tous les jours de Syriens victimes de harcèlement, non seulement de la part des autorités, mais aussi des Egyptiens. De nombreux Syriens ont commencé à quitter le pays pour la Turquie de peur d’être victimes d’une de ces arrestations arbitraires.

JOL Press: Comment expliquer le harcèlement dont sont victimes les Syriens d’Egypte ?
 

Association Aazer : Le harcèlement des Syriens d’Egypte a débuté lorsque Mohamed Morsi a appelé à une grande manifestation dans un stade au Caire, le 15 juin dernier, en soutien à la révolution syrienne. Dans son discours, il a rompu tous les liens diplomatiques avec le régime de Bachar al-Assad.

Quelques jours après la destitution de Mohamed Morsi, une vidéo a commencé a circuler sur les médias égyptiens montrant des Syriens en train de danser le Dąbka – une danse folklorique arabe – sur la place de Rabaa Aladaweya, où les manifestants pro-Morsi s’étaient réunis. Les médias ont utilisé ces images pour construire une campagne de haine contre les Syriens et véhiculer le message suivant : « tous » les Syriens sont pro-Morsi.

A partir de ce moment, la communauté syrienne a senti que les Egyptiens les traitaient différemment. Certains magasins syriens ont été détruits, de nombreux Syriens ont été victimes de harcèlement… L’armée n’a fourni aucune protection aux réfugiés syriens: elle s’est servie d’eux comme de boucs émissaires dans son combat contre les Frères musulmans. 

JOL Press : Quelles sont leurs conditions de vie en Egypte ?
 

Association Aazer : Depuis le 3 juillet, le gouvernement égyptien menace d’expulser les réfugiés syriens. Des centaines de Syriens arrivés sans autorisation d’entrée ont déjà été renvoyés, alors qu’ils étaient auparavant autorisés à entrer sur le territoire sans visa. Les médias égyptiens contribuent au climat de xénophobie : certains présentateurs de télévision accusent la communauté syrienne de soutenir Mohamed Morsi. La communauté syrienne est également en danger car beaucoup de réfugiés sont menacés de licenciements. Des magasins appartenant à des Syriens ont été détruits sans que la police égyptienne n’intervienne pour arrêter ces tentatives. 

JOL Press: Comment l’association Aazer vient-elle en aide aux réfugiés syriens en Egypte?
 

Association Aazer : Pour venir en aide aux Syriens d’Egypte, nous avons travaillé sur un projet vidéo, en récoltant notamment les témoignages d’enfants, pour mettre en exergue les abus et les violations dont ils sont victimes. Nous savons pertinemment que les médias égyptiens n’aborderont jamais un tel sujet.

 

JOL Press:  Vous avez également lancé une pétition en ligne. Peut-elle, selon vous, faire évoluer la situation ?
 

Association Aazer :  Nous sommes conscients que la pétition en ligne ne pourra rien changer directement, mais grâce à cette initiative nous touchons de plus en plus de gens pour les informer sur les violations que subissent les réfugiés syriens en Egypte. En récoltant un maximum de signatures, nous pourrons peut-être saisir l’attention des médias et mettre ainsi la pression sur le gouvernement égyptien pour qu’il s’engage à respecter les lois internationales des droits humains. Nous voulons assurer une vie meilleure et plus sûre à la communauté syrienne en Egypte.

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