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En Egypte, les réfugiés syriens ne sont plus les bienvenus

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Ahmad et Mahmoud, deux jeunes syriens, témoignent

« Ils ont cassé la porte, et sont entrés dans la maison. J’étais effrayé… Ils ont pris mon père » explique face caméra, Ahmad, un jeune syrien. « J’ai peur que mon père ne revienne pas » poursuit-il. Lorsqu’on lui demande s’il veut rester en Égypte ou bien retourner dans son pays, le petit garçon à lunettes rétorque aussitôt: « Je veux vivre en Égypte, parce qu’il y a une guerre en Syrie ».

Comme de nombreux enfants syriens, Ahmad a été témoin d’une arrestation des forces égyptiennes dans une maison syrienne, « sans qu’ils aient aucune charge contre eux », dénonce Aazer, une association de défense des droits de l’Homme, qui a mis en ligne la vidéo. 

Comme lui, Mahmoud, un jeune syrien de 9 ans, regrette que ses amis égyptiens ne veulent plus jouer avec lui, juste parce qu’il est Syrien. Leurs témoignages, diffusés dans une vidéo publié le 1er septembre sur Youtube, rapportée par France 24, ont déjà été visionnés plus de sept mille fois. À cause de la détérioration de la situation, plus de deux millions de Syriens ont dû fuir leur pays. Parmi eux, 250 000 personnes se sont exilées en Égypte, dont la moitié sont des enfants explique l’association dans la vidéo.

Une pétition en ligne contre le harcèlement des Syriens

Les militants d’Aazer condamnent la campagne médiatique en Égypte menée contre les Syriens: « Les enfants syriens sont arrêtés et les étudiants ne savent pas s’ils vont être autorisés dans les écoles cette année. En outre, des centaines sont refoulés dans les aéroports » explique l’association Aazer, qui signifie en arabe « Aller en aide aux personnes ». L’organisme qui se définit comme un mouvement altruiste pour venir en aide aux gens dans les zones de conflit a mis en ligne une pétition contre le harcèlement dont sont victimes les Syriens en Égypte: « Les autorités égyptiennes doivent immédiatement cesser d’utiliser les civils syriens comme des pions dans la politique intérieure de l’Égypte » clament les activistes.

Les difficultés des réfugiés syriens en Syrie

D’après les chiffres du gouvernement égyptien, 250.000 à 300.000 Syriens vivraient actuellement en Égypte. Mais depuis le coup d’État du 3 juillet, les réfugiés syriens sont accusés d’avoir soutenu le régime des Frères musulmans. Considérés comme des pro-Morsi, ils doivent désormais obtenir un visa pour entrer sur le territoire égyptien, ce qui n’était pas le cas avant : « Avant, les Syriens pouvaient facilement utiliser l’Égypte comme un havre de paix sans restrictions de visas » dénonce l’association avant d’ajouter : « avec les nouvelles lois, les autorités égyptiennes ont arrêté arbitrairement au moins 72 hommes et 9 enfants, (…) et au moins neuf personnes ayant un visa valide ou un permis de résidence »

La montée d’un sentiment anti-syrien en Égypte

Ces nouvelles restrictions d’accès sur le territoire égyptien suscitent l’inquiétude de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, qui a récemment dénoncé un sentiment anti-syrien croissant en Égypte. L’Agence dénonce notamment des « propos xénophobes », des « attaques verbales contre les Syriens », ainsi que des déclarations troublantes véhiculées dans les médias. En juillet dernier, le porte-parole de l’Agence des Nations Unies avait appelé le gouvernement égyptien à accepter sur son territoire les femmes, les enfants et les personnes âgées, sans restrictions en matière de visas.

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