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Intervention en Syrie: qu’en pensera le Congrès américain?

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Il sera difficile pour le président américain de convaincre le Congrès, durant le débat qui se déroulera lundi 9 septembre autour d’un éventuel projet d’intervention militaire en Syrie. Barack Obama le sait et l’a admis publiquement.

La Commission vote sans enthousiasme

Pourtant, le Congrès américain est aujourd’hui la clé du succès des projets du président et depuis plusieurs jours déjà, les hommes de la Maison Blanche sont à pied d’œuvre pour convaincre, député par député, et obtenir l’autorisation d’agir sur le sol syrien, en réponse à l’utilisation présumée d’armes chimiques par le régime de Bachar al-Assad, le 21 juillet dernier.

Déjà, il avait été difficile de convaincre la commission du Sénat américain. Cette dernière, réunie le 4 septembre dernier, a finalement approuvé l’utilisation de la force armée contre le régime syrien, pour une durée de 60 jours, prolongeable jusqu’à 90 jours.

Les sénateurs de la commission des Affaires étrangères ont voté par dix voix contre sept. Et si cette victoire du clan des interventionnistes ne peut être remise en cause, elle est néanmoins révélatrice d’un symptôme général qui frappe la classe politique américaine : une sorte de tiédeur à vouloir s’embarquer dans un nouveau conflit au Moyen Orient.

Les futurs candidats à la présidentielle préfèrent se taire

Parmi les farouches défenseurs d’un « non » à cette commission, des personnalités de choix ont particulièrement fait parler d’elles.

On note par exemple le refus catégorique du sénateur Rand Paul, dont le père, Ron Paul, était candidat à la primaire républicaine lors de la dernière élection présidentielle, et qui, tout comme son père, a tenu un discours très « libertarien » pour défendre ses positions et pour juger « ne pas voir d’intérêt national américain », dans la « tragédie qui se déroule en Syrie ».

Même le sénateur Marco Rubio, fidèle parmi les fidèles des plus interventionnistes des Américains, John McCain en chef de file, a préféré apporter un « non » à ce projet tant la crise syrienne et ses conséquences pourraient fortement nuire aux ambitions présidentielles de quiconque s’aventurerait à soulever une nouvelle fois les Etats-Unis contre le Moyen Orient. D’autres en ont déjà fait les frais, les jeunes prétendants à la Maison Blanche ont retenu la leçon.

Barack Obama est confiant, et pourtant…

Ce vote de la commission des Affaires étrangères du Sénat présage bien entendu du vote du Sénat et de la Chambre des représentants, qui seront consultés ce 9 septembre. Au Sénat, cette bataille s’annonce serrée, mais le camp démocrate étant dominant, Barack Obama peut espérer être parvenu à réunir son clan. Mais à la Chambre, l’affaire sera beaucoup plus compliquée et le président n’est absolument pas assuré de convaincre ses opposants républicains, largement majoritaires.

Bien que les porte-paroles républicains et démocrates de la Chambre aient tous deux officialisé leur soutien au président, une majorité de voix n’est vraiment pas garantie et pour beaucoup d’observateurs, cette opération présidentielle ressemble de plus en plus à un coup de poker.

Si Barack Obama, de passage à Stockholm mercredi 4 septembre, à appeler la communauté internationale à ne pas laisser le geste supposé de Bachar al-Assad impuni, tout en se disant « confiant » sur ses chances d’obtenir l’aval du Congrès, certains restent pourtant sceptiques, notamment en raison d’un nouveau rééquilibrage des forces politiques dans les deux chambres.

Républicains et démocrates changent de camp

C’est le commentateur politique David Corn, journaliste pour Mother Jones, qui a rappelé la semaine dernière sur la chaîne MSNBC les nouvelles donnes de ce rapport de forces.

« Il y a encore cinq ans, le camp de McCain dominait le parti républicain, aujourd’hui, les interventionnistes sont en train de se faire chasser du Capitole », estimai David Corn. Or les membres du Tea Party sont peu enclins à se tourner vers les affaires extérieures et regardent avec beaucoup plus d’intérêt les problèmes internes des Etats-Unis.

Mais s’il n’y avait que les Républicains. Les Démocrates également pourraient faire du tort à la politique du président américain. Ils sont aujourd’hui nombreux à estimer que les Etats-Unis n’ont pas à rentrer dans l’histoire à chaque fois qu’un pays entre en guerre. Pensant aux douloureux exemples afghans et irakiens, sans pour autant les nommer, certains estiment notamment qu’une intervention armée ne ramènerait pas forcément la paix sur place.

C’est le cas du sénateur Chris Murphy, qui a opposé un « non » au Comité sénatorial des relations extérieurs, estimant « qu’une intervention américaine rendra les choses pires qu’elles ne le sont ».

Que feront alors les décideurs politiques américains ? Repose entre leurs mains une délicate mission qui est également celle de se faire l’image du peuple américain. Or, dans un récent sondage publié par ABC-Washington Post, près de 6 Américains sur 10 sont opposés à cette intervention.

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