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Qu’y a-t-il dans le rapport de l’ONU sur l’attaque chimique en Syrie?

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Revenus fin août de Syrie après plusieurs jours d’investigation, les experts de l’ONU ont dévoilé les premières lignes d’un rapport vivement attendu par la communauté internationale.

Encore inaccessible au public, ce rapport a été remis au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui l’a ensuite confié au Conseil de sécurité de l’ONU.

Usage confirmé des armes chimiques

« C’est avec le cœur lourd que je soumets au Conseil de sécurité le rapport de la mission des Nations Unies en charge de l’enquête sur les allégations d’utilisation d’armes chimiques lors de l’incident qui s’est produit le 21 août 2013 dans le quartier de la Ghouta à Damas. » C’est en ces termes que Ban Ki-moon a présenté au Conseil de sécurité le contenu de ce rapport écrit par l’équipe du professeur Ake Sellström, qualifiant les événements qui se sont déroulés en Syrie de « crime de guerre ».

Ce sont donc les mots de Ban Ki-moon qui, jusqu’à présent, donnent le plus d’informations concernant les éléments de l’enquête des experts de l’ONU.

Et comme beaucoup le répètent depuis l’attaque du 21 août, l’utilisation d’armes chimiques a bien été prouvée par l’équipe scientifique.

« La mission a conclu que les armes chimiques ont été utilisées sur une assez grande échelle dans la région de la Ghouta de Damas dans le cadre du conflit en cours en Syrie », a indiqué le secrétaire général de l’ONU. « L’attaque a fait de nombreuses victimes, notamment parmi les civils », a-t-il ajouté en s’adressant aux membres du Conseil de sécurité.

Après enquête sur plusieurs victimes, « les échantillons environnementaux et biomédicaux démontrent le caractère généralisé des attaques. » En effet, « 85 % des échantillons de sang prélevés sur des patients sélectionnés par la mission et qui présentaient des signes d’intoxication ont été testés positifs au sarin. » Ces résultats, indique encore Ban Ki-moon, ont été « corroborés par des évaluations cliniques » menées notamment par des médecins qui ont témoigné devant les experts de l’ONU.

Le nombre de victimes n’est pas déterminé

Sur la zone d’attaque, les experts de l’ONU ont également retrouvé les roquettes sol-sol qui ont permis la propagation des gaz.

« L’équipe a également pu examiner des roquettes sol-sol ayant explosé, qui sont capables de transporter une charge utile chimique. Elles ont été soigneusement mesurées, photographiées et échantillonnées. La majorité des roquettes ou des fragments de roquettes qui ont été trouvés recelaient du sarin », a précisé Ban Ki-moon.

En outre, selon ce même rapport, « les conditions météorologiques le matin de l’attaque étaient propices à maximiser l’impact potentiel d’une attaque impliquant des gaz lourds » et auraient également « permis au gaz de pénétrer facilement les sous-sols et les niveaux inférieurs des bâtiments et autres structures où de nombreuses personnes ont cherché refuge. »

Aujourd’hui encore, selon les premiers éléments fournis par le secrétaire général de l’ONU, le nombre de victimes est toujours difficile à estimer.

Dès le lendemain de l’attaque, Ban Ki-moon, qui s’exprimait avec retenue sur l’offensive du 21 août, parlait de 200 à 1 000 morts. Aujourd’hui, « en raison de la situation en matière de sécurité et d’autres contraintes, la mission a été incapable de renseigner sur l’étendue de l’utilisation d’armes chimiques le 21 août pour vérifier le nombre total de victimes. »

L’Occident conclut à la responsabilité du régime syrien

Quant à l’origine de cette attaque, elle n’est pas clairement établie comme le prévoyait les Nations Unies, dans la mesure où les experts n’ont pas été mandatés pour désigner des coupables, mais simplement pour déterminer l’usage ou non d’armes chimiques.

Toutefois, les pays occidentaux ont immédiatement accusé le régime syrien. A Washington, la Maison Blanche a affirmé que ce rapport démontrait logiquement la responsabilité de Bachar al-Assad.

« Les informations contenues dans ce rapport, indiquant que du gaz sarin a été lancé au moyen de fusées sol-sol que seul le régime possède, montrent clairement qui est responsable », a ainsi affirmé le porte-parole de l’exécutif  américain, Jay Carney.

« Quand on regarde précisément les données, les quantités de gaz toxiques utilisées, la complexité des mélanges, la nature et la trajectoire des vecteurs, tout cela ne laisse absolument aucun doute sur l’origine de l’attaque », a pour sa part estimé le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, interrogé sur RTL.

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