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En Egypte, les réfugiés syriens sont emprisonnés et expulsés

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Les exactions de l’armée égyptienne font régulièrement l’objet de scandales révélés par les associations de défense des droits de l’Homme. L’ONG Amnesty International a condamné, jeudi 17 octobre, les placements en détention arbitraire de réfugiés venus de Syrie et les expulsions de ces réfugiés ayant fui la guerre dans leur pays.

Des nourrissons incarcérés

L’ONG souligne que ces détentions sont illégales. Jusqu’à maintenant, plusieurs centaines de réfugiés de nationalités syrienne et palestinienne auraient été maintenus en détention illégale. Parmi eux, des enfants, « dont certains n’ont pas plus d’un an, sont incarcérés depuis des semaines. »

Après que des réfugiés et demandeurs d’asile aient trouvé la mort en traversant la Méditerranée depuis l’Afrique du Nord ces dernières semaines, un rapport diffusé par Amnesty International intitulé ‘We cannot live here any more’: Refugees from Syria in Egypt, met en lumière les conséquences de la position adoptée par l’Égypte vis-à-vis des réfugiés syriens. De plus en plus de réfugiés entreprennent le voyage en mer vers l’Europe – versant souvent à des passeurs des sommes pouvant atteindre 2 500 euros chacun pour faire ce trajet.

« Les autorités égyptiennes sont tenues de fournir une protection à quiconque a fui le conflit syrien et cherche à se mettre en sécurité dans leur pays. À l’heure actuelle, l’Égypte échoue misérablement sur ce plan, manquant à l’obligation qui lui est faite en vertu du droit international de protéger les réfugiés, notamment les plus vulnérables », a déclaré Sherif Elsayed Ali, responsable du programme Droits des réfugiés et des migrants à Amnesty International.

« Au lieu d’offrir aux réfugiés syriens l’aide et le soutien dont ils ont désespérément besoin, les autorités égyptiennes les arrêtent et les expulsent, bafouant ainsi les normes relatives aux droits humains. La plupart des réfugiés ont perdu leur logement et leurs moyens de subsistance lorsqu’ils ont quitté la Syrie. En s’abstenant de les aider et de les protéger, l’Égypte ternit sa réputation et pourrait gravement écorner son image d’acteur de poids dans la région. »

Être expulsé vers la Syrie ou rester en prison

La marine égyptienne a intercepté environ 13 bateaux transportant des réfugiés en provenance de Syrie qui essayaient d’atteindre l’Europe. Selon les chiffres les plus récents publiés par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 946 personnes ont été arrêtées par les autorités égyptiennes au cours de la traversée et 724 – femmes, hommes et enfants – se trouvent toujours en détention.

Lors d’une visite dans un poste de police d’Alexandrie la semaine dernière, Amnesty International a découvert une quarantaine de réfugiés syriens maintenus illégalement en détention pour une durée indéterminée, parmi lesquels figuraient 10 mineurs. Les plus jeunes étaient des jumeaux âgés d’un an qui se trouvaient là depuis le 17 septembre.

Les réfugiés arrêtés doivent choisir entre accepter d’être expulsés ou connaître une détention prolongée et illégale. Des dizaines de familles ont ainsi été séparées de force. Des avocats ont déclaré à Amnesty International que dans au moins deux cas, des réfugiés ont fait l’objet d’une expulsion collective vers Damas, en Syrie.

« Renvoyer des réfugiés dans une zone où se joue un conflit sanglant est une grave violation du droit international. Il va de soi que les réfugiés ayant fui risquent d’être victimes d’atteintes aux droits fondamentaux », a déploré Sherif Elsayed Ali.

Les réfugiés accusés de soutenir les Frères musulmans

Tout récemment, un groupe de 36 réfugiés en provenance de Syrie (des Palestiniens pour la plupart) ont été expulsés vers Damas le 4 octobre. Un grand nombre d’entre eux seraient incarcérés à la section Palestine du Service de renseignement militaire à Damas.

Des réfugiés syriens et palestiniens ont été accusés d’avoir soutenu les Frères musulmans et d’avoir été complices de violences politiques en Égypte après que le président Morsi ait été chassé du pouvoir le 3 juillet. Ils sont victimes de préjugés profondément ancrés et ont fait l’objet d’attaques xénophobes dans les médias.

Ces derniers mois, les autorités égyptiennes ont, par ailleurs, imposé de nouvelles restrictions aux ressortissants syriens se rendant en Égypte, les obligeant à obtenir un visa et à se soumettre à des contrôles de sécurité avant d’arriver. Amnesty International demande aux pays de la région d’ouvrir leurs frontières à ceux qui fuient le conflit, et à la communauté internationale de proposer davantage de solutions de réinstallation hors de la région aux réfugiés vulnérables.

« Introduire des restrictions qui, dans la pratique, ferment les frontières aux réfugiés fuyant des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité en Syrie envoie un message totalement indéfendable. L’Égypte doit aider les Syriens à se relever, et non pas leur mettre constamment des bâtons dans les roues », a conclu Sherif Elsayed Ali.

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