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Les Amis de la Syrie engagent l’opposition à dépasser ses divisions

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À la mi-journée, mardi 22 octobre, les Amis de la Syrie se sont réunis à Londres avec un objectif de taille à atteindre. Alors que deux jours auparavant, la conférence de Genève 2, retardée depuis plusieurs mois, a finalement été prévue pour le 23 novembre, il est désormais capital que les différents membres de l’opposition qui se sont jusqu’ici montrés sérieusement désunis, témoignent de leur unité face à la communauté internationale.

L’opposition doit absolument se réunir

Onze pays occidentaux étaient réunis à Londres. Représentés par leurs ministres des Affaires étrangères, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Turquie, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Qatar, l’Egypte et la Jordanie ont trouvé place dans la capitale britannique en face de la coalition de l’opposition, représentée par son président, Ahmad Jarba.

À l’issue de cette réunion, c’est lors d’une conférence de presse que les Amis de la Syrie ont exprimé leur volonté de voir l’ensemble des forces d’opposition au régime de Bachar al-Assad se présenter à la table des négociations de Genève 2, et ce même si leurs exigences ne sont pas pleinement satisfaites au préalable.

Si les opposants « ne participent pas au processus de paix, alors les Syriens ne pourront plus choisir qu’entre Assad  et les extrémistes », a affirmé le chef de la diplomatie britannique, William Hague, à la BBC. « Plus le conflit dure, plus il devient communautaire et plus les extrémistes prennent le dessus », a ajouté le ministre des Affaires étrangères.

Bachar al-Assad, seul serein en Syrie

Cependant, l’opposition n’a toujours pas donné sa réponse et sa participation à la réunion qui devrait établir les termes d’une résolution politique du conflit est toujours incertaine.

En cause, deux exigences qui n’ont pas donné satisfaction. La première concerne la participation du régime de Bachar al-Assad et par-dessus tout la possibilité que cette conférence se déroule alors même que le départ de Bachar al-Assad n’aurait pas été réglé.

Ce dernier a renforcé ce sentiment lors d’une interview accordée à la chaîne de télévision Al Mayadine, la veille de la réunion des Amis de la Syrie. Le président syrien s’est alors montré une nouvelle fois confiant sur sa victoire en Syrie et sur son avenir à la tête du pays.

Il a affirmé qu’il n’y avait « aucun obstacle » à sa candidature à la prochaine présidentielle. Concernant la conférence Genève 2, Bachar al-Assad a par ailleurs estimé que la tenue de cette réunion était d’ores et déjà compromise. « Pour l’instant il n’y a pas de date fixée […] et les développements actuels ne sont pas favorables », a-t-il déclaré, évoquant notamment « de nombreuses questions relatives à cette conférence qui restent en suspens. »

Avec ou sans l’Iran ?

L’opposition est également désunie quant à la participation de l’Iran à cette réunion. La République islamique, à majorité chiite, est un allié de taille pour le régime syrien, et également un adversaire tout aussi important pour l’Arabie Saoudite, acteur de premier plan pour soutenir l’opposition en Syrie.

L’Iran du nouveau président Hassan Rohani joue cependant la carte de l’ouverture, depuis que ce dernier a été élu en juin dernier, poussant les Etats-Unis à envisager la réintégration de la République islamique sur la scène internationale.

Mardi 22 octobre, le chef des services de renseignement saoudiens, le prince Bandar bin Sultan a ainsi déclaré que l’Arabie Saoudite limiterait sa coopération avec les Américains, en raison de cette nouvelle détente avec l’Iran.

Le problème djihadiste restera irrésolu

L’opposition syrienne, dans les négociations comme sur le terrain, est profondément désunie. Auparavant, ces différentes branches de l’opposition parvenaient à faire front face aux forces du régime. Mais récemment, des affrontements sont survenus près de la frontière turque, opposant l’Armée syrienne libre (ASL) à des djihadistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), signe d’une profonde division des forces et des intérêts.

L’enjeu djihadiste est, pour de nombreux experts, un sujet qui ne sera sans doute pas résolu à la sortie de cette conférence normalement programmée le 23 novembre prochain.

« Ne nous attendons pas à ce que Genève 2 résolve la situation en Syrie. Même si – hypothèse improbable – l’opposition parvenait à s’unifier et à définir avec le régime les modalités d’une transition politique, d’autres enjeux qui échapperont sans doute à Genève 2 ne seraient toujours pas réglés », explique Barah Mikail, directeur de recherche pour le think tank espagnol Fride.

« Je parle notamment des djihadistes et des islamistes qui sèment le chaos dans les zones dans lesquelles ils se trouvent. Je parle également du fait que les principaux soutiens de ces formations islamistes – Arabie saoudite et Qatar, notamment – se verraient difficilement changer de posture et arrêter leur soutien à ces formations, car cela signifierait leur échec face à Bachar al-Assad. »

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