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Nucléaire iranien: Rohani a-t-il ouvert la porte à une solution?

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Cela fait maintenant plusieurs mois que le président iranien Hassan Rohani, élu en juin dernier, laisse la communauté internationale penser qu’une nouvelle ère s’est ouverte entre l’Iran et la communauté internationale.

Après des mois de séduction iranienne

Ces deux jours à Genève devront le prouver, ou le démentir. La délégation iranienne pour le nucléaire a été accueillie en Suisse, mardi 15 octobre, à l’occasion de la reprise des négociations autour des projets polémiques de l’Iran.

Il y a quelques jours à peine, Hassan Rohani se montrait conciliant face à la communauté internationale réunie à l’occasion du débat général de l’Assemblée générale des Nations Unies.

En véritable vedette du jour, le président iranien s’était exprimé durant une quinzaine de minutes, assez pour trancher radicalement par rapport à son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad. À cette occasion, Hassan Rohani avait affirmé que l’Iran n’était « absolument pas une menace pour le monde ». Il s’était également dit déterminé à agir « de manière responsable concernant la sécurité régionale et internationale », appelant notamment le président américain à privilégier la négociation plutôt que la tentation de la guerre.

« Si (les Etats-Unis) évitent de suivre les intérêts à court terme des groupes de pression pro-guerre, nous pouvons trouver un cadre dans lequel gérer nos différences », estimait Hassan Rohani. « Nous sommes prêts à coopérer […] de manière bilatérale et multilatérale avec d’autres acteurs responsables. »

Barack Obama fera-t-il un pas vers Hassan Rohani

A Genève, l’Iran, représenté par une délégation menée par le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, rencontrera, comme d’habitude, le groupe des 5+1 (les cinq membres permanents de l’ONU que sont les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Russie et la Chine puis l’Allemagne).

Entre les Etats-Unis et l’Iran justement, le créneau semble parfait, c’est du moins ce qu’estiment les Iraniens. Interrogée par Le Monde, une source iranienne proche du dossier estime que « c’est la première fois depuis trente-cinq ans que (les) calendriers coïncident. »

« Il y a toujours eu des décalages, en raison des élections ou des fins de mandat à Washington ou à Téhéran. Là, chacun a une fenêtre de tir de six mois. Rohani parce que c’est le temps qui lui reste, s’il n’obtient rien, avant que les ultraconservateurs ne reviennent sur le devant de la scène. Obama, parce que c’est le temps qu’il lui reste avant d’entrer dans le compte à rebours de sa succession, lors duquel les lobbies, notamment celui des Juifs américains, pèseront bien davantage », explique encore cette source.

Tout converge dans le bon sens entre les Etats-Unis et l’Iran

Les appels du pied du président iranien pourraient bien avoir fait leur petit effet. En dehors de cette coïncidence des calendriers, l’Iran et les Etats-Unis semblent vouloir être sur la même longueur d’ondes.

« Il y a une convergence d’intérêts entre Hassan Rohani et Barack Obama », explique à L’Express Clément Therme, chercheur à l’EHESS et spécialiste de l’Iran. « Le nouveau président iranien souhaite desserrer l’étau des sanctions qui étouffent l’économie de son pays. Il doit en grande partie son élection à la demande des électeurs iraniens d’une amélioration des relations de son pays avec le reste du monde. En face, le président américain, ses conseillers, mais aussi une partie des pays occidentaux ont pris conscience que la principale menace, dans la région, n’est plus le programme nucléaire iranien mais l’instabilité. Le désordre et la guerre qui règnent en Afghanistan, en Irak et en Syrie sont aujourd’hui beaucoup plus inquiétants que la capacité ou non de Téhéran à maîtriser l’arme atomique », explique-t-il encore à L’Express.

La France reste sceptique

Cependant, si les Etats-Unis semblent capables de faire un pas en direction de l’Iran, il n’en n’est pas de même de tous les acteurs du groupe de 5+1. La Chine et les Etats-Unis, depuis toujours ou presque, se sont placés du côté du droit des Iraniens à enrichir de l’uranium à des fins civiles.

C’est du côté de la France qu’il faut trouver les plus réfractaires. Le président François Hollande a beau avoir marqué les esprits lors de cette historique poignée de main avec Hassan Rohani, lors de l’Assemblée générale de l’ONU, il n’en reste pas moins que les Français ont fait du non-enrichissement un cheval de bataille.

« Ce que dit Fabius aujourd’hui est plus proche de Netanyahu que d’Obama », explique encore cette source iranienne au journal Le Monde.

« La France est quasiment sur la position adoptée par les néoconservateurs de l’administration Bush », explique pour sa part Clément Therme à L’Express. « Or l’équipe de l’ancien président américain avait fait du changement de régime en Iran l’axe de sa politique envers Téhéran. La question nucléaire n’était qu’un prétexte », ajoute-t-il.

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