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Tunisie: pas de consensus sur le nom du futur Premier ministre

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Le « dialogue national » tunisien, qui a débuté le 25 octobre, devait permettre la nomination d’un nouveau Premier ministre pour succéder à Ali Laârayedh et conduire la Tunisie vers de nouvelles élections après deux ans de crise politique.

Prolongations

Le nom du nouveau chef du gouvernement tunisien aurait dû être connu samedi 2 novembre. Mais Houcine Abassi, secrétaire général de l’Union générale tunisienne de travail (UGTT) – le principal syndicat tunisien qui dirige le dialogue national avec trois autres organisations (l’Utica, l’Ordre des avocats et la LTDH) – a annoncé samedi soir que, faute de consensus, le nom du Premier ministre serait dévoilé lundi 4 novembre, après avoir accordé un délai supplémentaire de 36 heures.

La réunion entre les négociateurs, qui devait initialement avoir lieu lundi matin, a finalement commencé à midi. Toute l’après-midi, les islamistes d’Ennahdha et leurs alliés ont débattu avec l’opposition pour tenter de trouver une issue à la crise par la nomination d’un nouveau chef du gouvernement. 

Mohammed Ennaceur ou Ahmed Mestiri ?

Les négociations portaient notamment sur deux candidats : Mohamed Ennaceur, 79 ans, ancien ministre des Affaires sociales soutenu par l’opposition, et Ahmed Mestiri, 88 ans, candidat du parti Ettakatol, également appuyé par le parti islamiste Ennahda.

Mais faute d’accord, l’UGTT a décidé de suspendre le dialogue national « jusqu’à ce qu’il y ait un terrain favorable à sa réussite ». « Nous ne sommes pas arrivés à un consensus sur la personnalité qui dirigera le gouvernement, nous avons essayé de résoudre les difficultés mais il n’y a pas eu de consensus », a déclaré Houcine Abassi.

Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire, avait déclaré lundi matin sur les ondes d’Express FM que si la troïka – composée d’Ennahda et de deux partis laïcs, le Congrès pour la République et Ettakatol – « s’entêtait à défendre Ahmed Mestiri et à gagner du temps, il serait préférable de garder Ali Laârayedh ». Par ailleurs, selon M. Hammami, « l’âge avancé d’Ahmed Mestiri l’empêcherait de travailler pendant des heures chaque jour et de voyager. »

Samedi soir, il avait déjà estimé que le soutien d’Ennahda à M. Mestiri marquait la volonté du parti islamiste de contrôler le gouvernement de manière indirecte. « Ennahdha veut quitter le pouvoir par la porte et revenir par la fenêtre », avait-il déclaré.

D’autres noms sur la liste

Alors que les Tunisiens s’attendaient à voir sortir le nom de Mohamed Ennaceur ou Ahmed Mestri comme nouveau Premier ministre lundi soir, plusieurs médias tunisiens ont évoqué d’autres noms envisagés par certains partis et membres du dialogue national.

Les noms d’Abdelkrim Zbidi (ancien ministre de la Santé puis de la Défense nationale), de Fadhel Khalil (ancien ministre des affaires étrangères et ex-ambassadeur de la Tunisie en Algérie et à Damas) et de Mohamed Nouri Jouini (ancien ministre de la Planification et de la Coopération internationale) ont été évoqués.

Crise politique et sécuritaire

Les négociations et la nomination d’un nouveau chef de gouvernement visent à résoudre la profonde crise politique qui frappe la Tunisie depuis plus de deux ans, marquée par l’assassinat d’opposants. Fin juillet, l’assassinat du député d’opposition Mohamed Brahmi, imputé aux islamistes, avait en effet envenimé la situation.

Ali Laârayedh, qui a accepté de céder sa place à un gouvernement apolitique, souhaite cependant que l’ensemble du calendrier élaboré par le dialogue national soit mis en place dans les délais convenus. Calendrier électoral et adoption d’une nouvelle constitution devront donc figurer au programme du nouveau gouvernement.

La démission de l’actuel Premier ministre, qui devrait être effective à la mi-novembre, pourrait être retardée en fonction du jour où le dialogue national arrivera à un accord sur le nom du futur chef du gouvernement.

Les récents attentats terroristes attribués aux djihadistes, qui ont touché deux sites touristiques mercredi dernier en Tunisie, ont par ailleurs accru la crise sécuritaire du pays. Le chef de l’Etat Moncef Marzouki a d’ailleurs décrété la prolongation de l’état d’urgence de huit mois, jusqu’en juin 2014.

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