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Irak: qui est al-Baghdadi, «l’ennemi numéro deux» des États-Unis?

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Après une année 2013 meurtrière, l’Irak est de nouveau depuis quelques jours le théâtre de violents affrontements entre insurgés sunnites, dont font partie les djihadistes de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL, lié à Al-Qaïda) et les forces armées du gouvernement mené par le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki.

Force motrice

La semaine dernière, des centaines de combattants armés, dont certains dressaient les drapeaux noirs caractéristiques des djihadistes, défilaient dans le centre de Fallouja, ville contrôlée depuis plusieurs jours par les islamistes de l’EIIL. Et à la tête du groupe islamiste, Abou Bakr al-Baghdadi, un des trois terroristes les plus recherchés depuis 2011 par le FBI, qui propose une prime de 10 millions de dollars pour sa capture.

« Bien organisé et tout à fait impitoyable, l’ancien prédicateur est la force motrice derrière la résurgence d’Al-Qaïda en Syrie et en Irak [l’EIIL], qui fait front dans la guerre menée pour renverser le président syrien Bachar al-Assad, et qui entame une nouvelle campagne de déstabilisation du gouvernement de Bagdad soutenu par l’Occident », écrit Colin Freeman, correspondant pour le Telegraph, qui a dressé un portrait de ce chef de guerre devenu l’un des principaux ennemis des États-Unis.

Précisions sommaires

« Comme avec la plupart des dirigeants d’Al-Qaïda, les précisions sont sommaires », écrit le journaliste. Âgé d’environ 42 ans, né sous le nom d’Ibrahim Ali al-Badri dans la ville de Samarra au nord de Bagdad, le chef de l’EIIL, qui a plusieurs fois été déclaré mort, a pris le nom de guerre d’Abou Bakr al-Baghdadi, aussi connu sous le nom d’Abou Duaa, que l’on pourrait traduire approximativement par « Père des assignations ».

Si certains décrivent le personnage comme un ancien agriculteur, arrêté par les forces américaines lors d’une vaste purge en 2005 puis emprisonné à Camp Bucca [ancienne prison située au nord de la frontière avec le Koweït, ndlr] où il aurait pris un tournant radical, d’autres estiment qu’Abou Bakr al-Baghdadi s’est radicalisé à l’époque de Saddam Hussein, avant de devenir un acteur de premier plan au sein de la nébuleuse Al-Qaïda, très peu de temps après l’invasion américaine de l’Irak en 2003.

Emprisonné puis libéré ?

Interrogé par le Telegraph, Michael Knights, expert de l’Irak à l’Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient, précise que « cet homme était un salafiste [un adepte d’une branche fondamentaliste de l’islam, ndlr], et le régime de Saddam aurait gardé un œil sur lui ».

« Il a également séjourné à Camp Bucca pendant plusieurs années, ce qui suggère qu’il était déjà considéré comme une menace grave quand il est allé là-bas », ajoute l’expert.

La raison de sa libération en 2009 n’est pas connue, même si certains avancent l’idée selon laquelle il ferait partie des milliers d’insurgés présumés ayant bénéficié d’une amnistie, alors que les États-Unis préparaient le retrait de leurs troupes d’Irak.

Vengeur de Ben Laden

Promu à la tête de la nébuleuse terroriste d’Al-Qaïda en Irak en 2010, Abou Bakr al-Baghdadi est à l’origine de multiples attaques sur le territoire irakien, perpétrées contre des chiites et des chrétiens, ayant fait des centaines de morts.

Après la mort de Ben Laden en mai 2011, Abou Bakr al-Baghdadi annonce son allégeance à Ayman al-Zaouahiri, le successeur d’Oussama Ben Laden, et réaffirme la loyauté de l’État islamique d’Irak envers Al-Qaïda. Il jure également de venger la mort de Ben Laden, multipliant en 2011 les attentats-suicide à travers tout l’Irak.

Malgré son silence et ses rares apparitions publiques, al-Baghdadi ferait tout pour être en première ligne de ces opérations, conscient cependant que sa tête est mise à prix par les États-Unis, derrière celle d’Ayman al-Zaouahiri, le chef du réseau terroriste Al-Qaïda.

Des réseaux de combattants en Syrie

Selon le Telegraph, les combattants qui l’ont rencontré parlent d’un personnage obscur, capable d’imiter un certain nombre d’accents régionaux, portant un masque lorsqu’il sort de son cercle restreint de fidèles.

Si les kamikazes sont un élément clé de son arsenal de guerre, il empêcherait cependant certaines opérations qui mettraient en danger ses autres combattants. Une stratégie moins « risquée » que celle employée par d’autres dirigeants d’Al-Qaïda, et qui lui aurait fait gagner un certain respect.

Aujourd’hui, l’État islamique en Irak et au Levant, qui revendique la création d’un grand califat islamique de la Syrie à l’Irak, compterait près de 7000 combattants en Syrie voisine, insurgés contre le régime de Bachar al-Assad.

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