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Le périple des jeunes Occidentaux partant mener le djihad en Syrie

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A l’image de Nicolas, ce jeune Toulousain de 30 ans mort dans un attentat suicide le 22 décembre dernier, il y aurait actuellement une centaine de ressortissants français parmi les rangs des djihadistes qui combattent le régime de Bachar al-Assad.

Plusieurs centaines de Français impliqués dans le conflit syrien

Les chiffres globaux sont encore plus alarmants. Selon les estimations d’un spécialiste de la lutte antiterroriste en France retranscris dans le quotidien 20 Minutes, une cinquantaine de Français supplémentaires serait actuellement en chemin tandis qu’une dizaine aurait été tuée et une autre cinquantaine serait rentrée en France.

« Une autre centaine a été identifiée par les services comme ayant exprimé d’une manière ou d’une autre la volonté de se rendre en Syrie pour prendre part au jihad », explique encore cette source qui a souhaité garder l’anonymat.

Alors que ces chiffres semblent en constante augmentation, de nombreuses questions se posent quant aux parcours qu’empruntent ces djihadistes en herbe pour rejoindre les rangs des nombreuses organisations islamistes et terroristes qui sévissent au nord de la Syrie.

Des groupes occidentaux facilitent les trajets des jeunes

Alors que le conflit syrien aura bientôt trois ans, force est de constater que ces chemins ne sont pas si secrets. Qu’ils soient britanniques, français, allemands ou belges, tous ces volontaires empruntent des voies bien tracées.

Les témoignages des parents de jeunes partis combattre en sont le révélateur, tout part des villes, des quartiers dans lesquels ils sont installés. Ainsi a été le parcours de Jejoen Bontinck, un jeune Belge de 16 ans originaire d’Anvers disparu sans laisser de trace jusqu’à ce que son père, Dimitri Bontinck, le voie sur une vidéo, au côté de combattants islamistes dans la ville de Khan Tuman, près d’Alep.

Celui qui se fait appeler Sayyef Allah (épée d’Allah), s’est converti à l’islam alors qu’il avait 14 ans. Proie facile, il a rapidement été embrigadé par le groupe très controversé Sharia4Belgium, soupçonné de mener campagne pour trouver de futurs djihadistes à envoyer en Syrie, soupçonné également de faciliter le voyage des jeunes volontaires.

Un aller simple pour la Turquie

Les Belges seraient entre 80 et 300 selon les sources à être partis rejoindre les rangs djihadistes. En mai dernier, Le Monde révélait les histoires de plusieurs jeunes Belges. Parmi eux, Zacharia, 23 ans, et Ismaïl, 16 ans, originaires d’un quartier populaire de Bruxelles. Comme de nombreux convertis dans leur cas, c’est sans doute par l’intermédiaire de Sharia4Belgium qu’ils ont organisé leur voyage et réussi à franchir les bonnes frontières.

Les deux jeunes sont partis avec quelques mois d’écart. Zacharia est parti le premier, le 17 janvier, le matin il partait pour l’école, le soir il était déjà en Turquie. Auparavant, ses parents avaient découvert un billet d’avion sur sa table de nuit. La confiscation de son passeport n’y a rien fait, le jeune était décidé et visiblement assez entouré pour ne pas renoncer.

Les parents de Zacharia sont immédiatement partis à la recherche de leur enfant et ont tenté de suivre le chemin qu’il avait parcouru depuis ce 17 janvier. Après avoir atterri à Istanbul, où ils retrouvent sa trace à la gare routière, ils se retrouvent ensuite à Adana, une ville située à environ 3 heures de la frontière syrienne, puis ils se rendent ensuite à Antioche, dernière étape turque avant la Syrie.

Les djihadistes gardent la frontière turco-syrienne

A Antioche, la route est alors toute tracée et Zacharia n’aura pas eu de difficultés à rejoindre Alep, ville gardée par les rebelles, située juste de l’autre côté de la frontière. « Son trajet était tout tracé, et il avait de l’argent », affirme alors le père de Zacharia, qui se demande encore comment son fils a pu se procurer cet argent.

Dans cette zone frontalière, la plupart des postes-frontières sont désormais gardés par des brigades de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EEIL), un groupe affilié à Al-Qaïda qui revendique l’hégémonie sur tous les groupes islamistes présents dans la région.

C’est notamment par ces mêmes postes frontières que transitent les armes lourdes destinées aux rebelles syriens.

Arrivé en Syrie, et selon les informations qu’il transmet ensuite à son frère, Zacharia se serait installé à Alep, dans une maison abandonnée avec quatre autres Belges et aurait commencé son entraînement militaire avec le Front al-Nosra. Ismaïl, le petit frère de Zacharia, partira rejoindre son frère, sans doute par le même trajet, le 4 avril suivant.

Des départs trop faciles pour les parents

Les parents d’Ismaïl et Zacharia s’interrogent encore aujourd’hui. Comment leurs enfants, mineurs, ont-ils pu si facilement prendre l’avion sans être intercepté par la douane ? En Belgique, comme en Turquie, les autorités n’ont semble-t-il pas trouvé étrange de voir un mineur étranger se déplacer seul.

Comme eux, de nombreux parents réclament aujourd’hui au gouvernement belge qu’il mette en place les contrôles nécessaires qui pourraient empêcher leurs enfants de partir si facilement au front. L’association Les mamans concernées dénonce ce qu’elle appelle une inactivité du gouvernement face à ces jeunes qui, selon ces parents de combattants en Syrie, pourraient être interceptés depuis les aéroports qu’ils sont obligés d’emprunter.

Dans une vidéo publiée par ce collectif, les « Mamans » de djihadistes convertis ont notamment réclamé du Premier ministre et des autorités belges qu’elles « investiguent minutieusement les caméras de surveillance […] afin d’identifier d’éventuels recruteurs et/ou accompagnateurs ». 

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