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Terrorisme au Liban: l’urgence de former un nouveau gouvernement

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Jeudi 2 janvier après-midi, une voiture piégée a explosé dans le sud de la capitale libanaise, provoquant la mort de cinq personnes et faisant une soixantaine de blessés.

C’était le quatrième attentat visant l’un des fiefs du mouvement chiite Hezbollah, allié de l’Iran et du régime syrien de Bachar al-Assad, après une violente série d’attaques à la bombe en juillet, août et novembre derniers. L’engagement du Hezbollah auprès du régime syrien est accusé, par les détracteurs du parti chiite, d’avoir entraîné le Pays du Cèdre dans un regain de violence.

Un besoin d’unité

À la suite de cet attentat-suicide survenu dans la banlieue sud de Beyrouth, le Premier ministre libanais sortant, Nagib Mikati, a déclaré que le terrorisme touchait « tous les Libanais ». Une semaine avant, une explosion à la voiture piégée avait coûté la vie à l’ancien ministre Mohammad Chatah, proche de l’ex-Premier ministre Saad Hariri, ainsi qu’à sept autres personnes. Accusé d’être à l’origine de lattaque du 27 décembre, qui a exacerbé les tensions entre chiites et sunnites, le Hezbollah a démenti toute implication.

« Les terroristes cherchent à déstabiliser le pays », a déploré M. Mikati jeudi 2 janvier, ajoutant qu’il s’agissait d’un « complot visant à semer la discorde entre les Libanais » et appelant à « entamer le dialogue afin de sortir le pays de cette crise ». « Le feu qui se répand dans plusieurs régions libanaises risque de s’aggraver sans l’unité des Libanais », a-t-il mis en garde.

Un discours également tenu par le président libanais, Michel Sleiman, qui a indiqué que le responsable de cette attaque était « le même qui sème la terreur dans toutes les régions libanaises », appelant les Libanais à la solidarité et au dialogue « afin de protéger le pays des complots qui visent à porter atteinte à sa stabilité ».

« L’union nationale est le seul moyen de protéger le Liban des crises sécuritaires qui ravagent la région », a indiqué Tammam Salam, le Premier ministre intérimaire, exhortant également la population à « s’unir autour de l’armée et des forces de sécurité qui veillent à la protection du pays ».

Le conflit syrien franchit les portes du Liban

L’escalade des tensions entre sunnites et chiites a connu un nouvel essor depuis l’engagement du Hezbollah auprès du régime de Bachar al-Assad.

Mais selon le Hezbollah, son engagement auprès des troupes syriennes répond avant tout à la volonté de combattre les extrémistes sunnites. Certains groupuscules sunnites, qui se battent dans l’opposition syrienne, menaceraient selon lui la sécurité du Liban.

Pour l’ancien Premier ministre Saad Hariri, les habitants de la banlieue sud de Beyrouth, visés par des actes terroristes depuis plusieurs mois, « sont victimes de l’engagement [du Hezbollah] dans le conflit en Syrie ». Il demande ainsi « la distanciation du Liban des conflits régionaux, essentielle pour protéger le pays de toute forme de terrorisme ».

Le secrétaire général de la coalition sunnite anti-syrienne « Alliance du 14 Mars », Farès Souhaid, a quant à lui déclaré sur la chaîne de télévision Al-Arabiya que « les retombées de ce qui se passe en Syrie et en Irak ont atteint le Liban et c’est pour cette raison que nous avions appelé à un retrait immédiat de Syrie ». « Il est urgent à présent de nous tenir côte à côte et de nous unir », a-t-il ajouté. « Tout martyr tombé dans la banlieue sud est un martyr de tout le Liban ».

Vers un nouveau gouvernement neutre ?

Lundi 30 décembre, le président libanais a indiqué que le Liban devait « profiter de l’actuel soutien international [notamment français et saoudien, ndlr] afin de former un nouveau cabinet », ajoutant que l’année 2014 verrait la formation de ce nouveau gouvernement.

Le leader druze et chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, a également demandé la formation d’un nouveau cabinet « qui aurait pour mission de désengager les différentes parties libanaises du conflit syrien. La seule solution est de nous unir autour d’un même gouvernement », a-t-il estimé.

À causes des divergences et des tensions au sujet du conflit syrien, le Liban n’a en effet plus de gouvernement depuis huit mois. Pour le Premier ministre libanais intérimaire, Tammam Salam, seule la création d’un gouvernement neutre pourrait aider à sortir le pays de la crise. Dans un entretien accordé en mai dernier au Figaro, deux mois après la démission de son prédécesseur Nagib Mikati, M. Salam expliquait que les partis devaient rester « à l’extérieur du gouvernement afin d’y préserver un espace de neutralité et de stabilité ».

Le président libanais pourrait annoncer la formation d’un nouveau cabinet apolitique dans les jours qui arrivent.

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