Site icon La Revue Internationale

Salahudine, un djihadiste français en Syrie, se confie à France 24

[image:1,l]

C’est un témoignage édifiant et pour le moins inédit qu’a pu recueillir une journaliste de France 24, Charlotte Boitiaux. Celui d’un certain Salahudine, de son nom d’emprunt, un Français de confession musulmane parti combattre en Syrie auprès des djihadistes. C’est parce que les deux se connaissaient auparavant que la journaliste a pu recueillir les confessions de ce combattant.

Sa famille ne sait rien de son parcours

Salahudine al-Faransi, autrement dit « Salahudine le Français » a 27 ans. Originaire de région parisienne, il a décidé de tout quitter et de partir en Syrie, il y a sept mois, le 11 juillet dernier.

S’il a tout quitté en France, une bonne situation professionnelle et un confort à l’occidentale, il n’est pas parti seul mais accompagné de sa femme, Khadija, française elle aussi et des deux filles de cette dernière.

Aujourd’hui encore, la famille de ce djihadiste n’a aucune idée des « activités » de Salahudine. « Mes parents, mes deux frères et ma petite sœur ne savent rien. Ils pensent que je parcours le monde », explique-t-il à son amie journaliste. « Peut-être se doutent-ils de quelque chose. Je ne sais pas. Mais que pouvais-je leur dire ? Ils ne comprendraient pas ».

Radicalisé par les prêches de Ben Laden

Pour expliquer sa décision de partir combattre « et mourir » en Syrie, Salahudine revient sur sa deuxième conversion à l’islam. « Tout s’est fait progressivement », explique-t-il. Pratiquant sa religion dans les mosquées françaises, Salahudine explique avoir commencé à ressentir un décalage entre son désir de combattre pour l’islam et l’islam « à la française ».

« Dans les mosquées françaises, on ne te parle pas de ça. On t’apprend juste à bien faire tes ablutions. On te demande d’être respectueux », écrit-il.

C’est alors qu’il a cherché à se former seul. Sur Internet surtout. Il a découvert les prêches d’Oussama Ben Laden et a été convaincu par ce discours. « Quand j’ai commencé à regarder des vidéos et à écouter les prêches de Ben Laden. Un milliardaire qui lâche tout pour défendre sa conception du monde. J’ai été ému par son discours », écrit encore Salahudine.

Etre kamikaze, pourquoi pas…

Ce Français ne parle pas de « radicalisation religieuse » mais de « prise de conscience ». Pour lui, « dans un contexte d’affrontement, l’islam, c’est œil pour œil, dent pour dent ».

S’il combat aujourd’hui sur le terrain, pour l’instauration d’un Etat islamique et pour l’imposition de la charia, il affirme être prêt à aller jusqu’au bout de son combat. Etre kamikaze fait partie des options de cet homme qui, de toute façon, ne compte pas revenir en France.

« Je me suis fabriqué une ceinture d’explosifs aussi. Si jamais, un jour, je n’ai plus de munitions ou de solution de repli, je pourrais foncer sur l’ennemi et me faire sauter. Autant en emporter un maximum avec moi », explique Salahudine dans une simplicité déconcertante.

Ce dernier explique d’ailleurs que les kamikazes doivent inscrire leur nom sur une liste pour se porter volontaire. « Je ne sais pas si je vais le faire. Je n’ai pas pris de décision », précise-t-il.

Dans les rangs des plus radicaux des djihadistes

Pour quitter la France et arriver en Syrie, Salahudine a emprunté les chemins traditionnels. Sans passer par un réseau de recrutement, il a quitté la France à Lyon avant d’arriver en Turquie et de rejoindre la Syrie par les villes étapes que sont Istanbul, Antalya et Hatay.

Formé par les combattants de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EEIL), ce groupe considéré comme le plus radical sur le terrain, et qui combat également contre les rebelles de l’Armée syrienne libre.

Il s’est ensuite dirigé vers le Front al-Nosra, un groupe djihadiste principalement composé de Syriens et qui se bat contre le régime de Bachar al-Assad depuis déjà plusieurs mois. Jamais il n’a voulu se joindre aux rebelles syriens. Là n’est pas son objectif. « Le leur est démocratique, je crois », explique-t-il.

« Tout ce que je voulais, c’était combattre aux côtés de ceux qui voulaient instaurer un État islamique en Syrie et imposer la charia. Rejoindre l’Armée syrienne libre (ASL) ne m’intéressait donc pas trop : nous partageons le même ennemi, mais pas le même objectif », note-t-il encore.

Quitter la version mobile