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JOL Press : Les Verts veulent « réquisitionner un lieu d’accueil d’urgence » pour les 160 réfugiés syriens qui campent depuis plusieurs semaines dans un square de Saint-Ouen. France Terre d’asile s’est rendue sur place vendredi 18 avril : qu’avez-vous constaté ?
Pierre Henry : C’est une situation très compliquée. Aujourd’hui, nous nous demandons comment ce regroupement a pu se former sans qu’il y ait eu d’alerte des différents services de l’Etat, d’hébergement ou de police… L’association France Terre d’asile a été informée jeudi 18 avril de la situation et s’est immédiatement rendue sur place.
Nous avons constaté des situations de grande précarité chez ses familles : des enfants mais aussi des femmes enceintes dans des situations très préoccupantes. Nous avons tenu à informer immédiatement les pouvoirs publics en leur demandant d’intervenir.
JOL Press : Quels sont les besoins urgents ?
Pierre Henry : Une prise en charge sanitaire, sociale et juridique pour ces familles syriennes qui sont en errance depuis si longtemps. L’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) est désormais sur place : maintenant que l’alerte a été donnée, les choses devraient rentrer dans l’ordre pour ces personnes soucieuses de déposer rapidement une demande d’asile.
Découvrez le reportage de France 3 sur les quelque 160 Syriens réfugiés dans un square à Saint-Ouen:
JOL Press : Alors que le nombre de Syriens dépasse les 2 millions dans le monde, pourquoi la France n’accueille-t-elle pas d’avantage de réfugiés, comme la Suède ou l’Allemagne ?
Pierre Henry : La frilosité de la France réside dans une analyse qui est, à mon avis, erronée. Certes, la France connaît des difficultés, l’extrême droite a le vent en poupe, mais cela n’autorise nullement notre pays à être timoré dans l’accueil des populations en provenance de Syrie.
Une fois de plus, la réponse est défaillante au niveau des Etats européens car elle n’est pas coordonnée. Certains Etats, comme l’Allemagne ou la Suède ont une politique beaucoup plus généreuse… alors que la France est d’une frilosité extrême.
Notre dispositif d’accueil est complètement saturé. Après un périple semé d’obstales et de dangers, les réfugiés syriens qui arrivent à atteindre le territoire français peuvent accéder à l’asile de façon relativement rapide, mais il faut déjà que les personnes arrivent sur le territoire national…C’est toute la toute la difficulté! Il n’y a pas de politique sur ce sujet au niveau européen, ni de véritable volonté en France.
J’ai été de ceux avec le Conseil général du Val de Marne, avec l’association Démocratie et Entraide en Syrie, qui ont signé une convention de partenariat avec l’université Paris 2 pour l’accueil d’étudiants syriens : je pense que ce modèle doit être travaillé, développé. Il est temps que les initiatives émergent face au drame syrien, le drame humanitaire du 21e siècle.
JOL Press : La France a mis en place des « programmes de réinstallation ». Cette initiative est-elle insuffisante selon vous face à l’ampleur du drame ?
Pierre Henry : Les « programmes de réinstallation » concernent 500 personnes accueillies en une année, alors que, dans le même temps, l’Allemagne a promis d’accueillir 10 000 personnes! Il est bien sûr important de saluer les efforts qui ont été faits : une fois sur le territoire français, l’accès à l’asile et à la protection internationale est relativement rapide, grâce à l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA).
Mais il faut bien constater que ces efforts ne sont pas à la hauteur du problème : l’Europe n’est pas à la hauteur du problème posé par la question syrienne. Le gouvernement ne doit pas céder à la peur et à l’air du temps : quelques soient les difficultés, nous devons manifester de façon plus vaillante notre solidarité à l’égard de la Syrie.
Propos recuellis par Louise Michel D.
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Pierre Henry est directeur général de l’association France terre d’asile.