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Syrie: pour ou contre l’élection présidentielle, Twitter se déchaîne

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« Je fixe au mardi 3 juin la date de l’élection d’un président pour les citoyens résidant en Syrie et au 28 mai 2014 pour les Syriens vivant à l’étranger », a annoncé le président du Parlement syrien, Mohammad al-Laham, lors d’une séance solennelle lundi 21 avril.

Une annonce qui intervient alors que le pays est en proie depuis trois ans à une guerre civile qui a déjà fait plus de 150 000 morts et entraîné la fuite de 2,5 millions de réfugiés syriens.

« Une parodie de démocratie »

« Des élections organisées par le régime […] mises en œuvre en plein conflit, uniquement dans les zones contrôlées par le régime et alors que des millions de Syriens ont dû quitter leur maison, ignoreraient les principes démocratiques de base, seraient dépourvues de toute crédibilité et affaibliraient tous les efforts pour atteindre une solution politique », a immédiatement réagi Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, dans un communiqué.

Les États-Unis ont quant à eux qualifié le scrutin présidentiel en Syrie de « parodie de démocratie », et le chef de la Coalition nationale de l’opposition syrienne, Ahmad Jarba, a déclaré que cette annonce « devait être considérée comme une farce ».

Des élections contestées

Sur les réseaux sociaux, les internautes ont également vivement réagi à cette annonce. Car trois ans après les premières révolutions dans les pays ayant connu le « printemps arabe », l’organisation d’élections n’a jamais été chose facile.

Alors que l’Algérie vient de réélire pour la quatrième fois son président Abdelaziz Bouteflika, dont l’état de santé s’est fortement dégradé ces derniers temps, que le Liban n’a pas réussi à trouver un consensus sur le nom du successeur de Michel Sleimane – un deuxième tour est prévu pour le 30 avril – et que l’Égypte s’apprête à élire un nouveau président, encore une fois issu de l’armée – le maréchal Al-Sissi –, la Syrie organise ces élections sur fond de conflit sanglant et de scandale d’utilisation d’armes chimiques

« Bachar al-Assad connaîtra-t-il le même sort que le Président algérien Abdelaziz Bouteflika ? S’il n’a pas encore officiellement annoncé sa candidature, tout porte à penser que oui », écrit le HuffPost Maghreb.

« Guerre » de tweets

Sur Twitter, les internautes pro et anti-Assad se livrent à une véritable guerre des hashtags : les plus utilisés par le camp pro-régime étant #VoteForAssad, #Assad2014 ou encore #InBasharWeTrust contre #AssadCampaignSlogans et #SyriaWarCrimes.

« Soutiens Bachar et la poursuite de la Révolution du peuple syrien comme son père Hafez a fait en premier » [en 1970, ndlr], écrit cet internaute pro-régime.

Dautres samusent au contraire à trouver des slogans détournés pour cette campagne présidentielle, à l’instar de cet internaute qui reprend la célèbre phrase du personnage fictif Buzz l’Éclair, « Vers l’infini, et au-delà ! » :

Dautres n’apprécient pas tellement cet humour noir, comme cet internaute qui écrit que le hashtag #assadcampaignslogans est « vraiment horrible », rappelant que « plus de 100 millions de personnes sont mortes. Ce n’est définitivement pas drôle ».

Une élection « pluraliste »

Interrogé par JOL Press début mars, au moment des trois ans de la révolution syrienne, le spécialiste de la Syrie Frédéric Pichon indiquait déjà que Bachar al-Assad était décidé à organiser ces élections et que « rien ne l’empêcherait de se présenter », pas même « les pressions extérieures au pays ».

« Cela nous paraît un peu surréaliste et baroque, mais c’est tout à fait dans la logique du pouvoir syrien », ajoutait l’expert, qui précisait que « pour la première fois, il devrait s’agir d’élections présidentielles pluralistes, puisque jusqu’ici il n’y avait qu’un candidat désigné par le parti – c’était Bachar al-Assad et avant lui, son père ».

Depuis 2012, il y a en effet eu une réforme de la Constitution qui a – théoriquement – mis en place la notion de pluralisme. « Mais les opposants qui se présenteraient seraient certainement « adoubés » par le régime », ajoutait Frédéric Pichon.

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