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Europe du Nord: immigration et sécurité au cœur des débats

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Le Danemark, la Finlande et la Suède ne représentent à eux seuls que 6% des eurodéputés, et les pays Baltes 3,5% (Photo: Shutterstock.com)

JOL Press : Les habitants d’Europe du Nord sont-ils intéressés par ces élections européennes ?
 

François-Charles Mougel : Oui. Ces élections sont importantes pour des raisons qui tiennent à l’Union européenne et pour des raisons liées à l’environnement actuel en Europe du Nord et à la crise ukrainienne. La plupart des Etats de la région sont très impliqués dans la sécurité de la Baltique. La Finlande possède plus de 1 000 kilomètres de frontière commune avec la Russie. Sans oublier les pays Baltes qui se sentent particulièrement menacés par Moscou.

Aux élections européennes, le taux de participation n’a jamais été très élevé en Europe du Nord, autour de 50%. Il est possible, étant donné la gravité du contexte géopolitique, que le niveau de mobilisation augmente légèrement. De plus, ces élections pourraient être un galop d’essai en vue des législatives à venir (en septembre 2014 en Suède, et en 2015 au Danemark et en Finlande).

JOL Press : Quels sont les thèmes qui occupent les débats ?
 

François-Charles Mougel : Ces Etats, qui sont fortement imprégnés de traditions démocratiques, s’intéressent d’abord au bon fonctionnement des institutions européennes. Le Danemark, la Finlande et la Suède ne représentent à eux seuls que 6% des eurodéputés, et les pays Baltes 3,5%. Ils ne sont pas en mesure d’influencer les décisions prises au sein du Parlement européen. En revanche, ils peuvent jouer un rôle important dans la volonté d’affirmation du principe démocratique.

Du reste, certains de ces Etats ne font pas partie de la zone euro (le Danemark, la Suède et la Lituanie). De manière générale, les pays d’Europe du Nord cherchent à conserver leur identité. Mais à côté de ça, ils tiennent leurs engagements vis-à-vis de l’Union européenne et sont très respectueux des décisions prises à l’échelle de l’Europe. Dans le cadre du pacte budgétaire européen, ils ont fait énormément d’efforts pour assainir leurs finances publiques par exemple.

En ce qui concerne les thématiques économiques, les pays d’Europe du Nord sont dans une logique de croissance, à condition de conserver leur modèle social.

JOL Press : Quelle place occupe la question de l’immigration ?
 

François-Charles Mougel : Il s’agit d’un enjeu très important, surtout au Danemark et en Suède (moins en Finlande). N’oublions pas que les taux de populations étrangères avoisinent, voire dépassent, les 10% dans ces Etats. Les partis d’extrême droite jouent sur ce thème (le Parti du peuple danois, les Démocrates de Suède, les Vrais Finlandais). Au Danemark et en Finlande, les intentions de vote en faveur de ces formations ont presque doublé par rapport à 2009.

On peut s’attendre à une poussée du vote protestataire dans ces pays qui étaient jusque-là des terres d’accueil et qui veulent préserver leurs spécificités. Toutefois, il ne s’agit pas du même phénomène souverainiste qu’on peut trouver en France avec le FN par exemple. Ces partis ne remettent pas en cause l’appartenance à l’UE, ils veulent avant tout protéger leur modèle et leur identité. Ils ont conscience que l’Europe représente un marché important pour eux.

De plus, sur le plan sécuritaire, ils souhaitent rester dans le cadre protecteur de l’UE. Même si la Finlande et la Suède sont des Etats neutres, ils entretiennent des liens très forts avec les forces occidentales, via l’Europe mais aussi via l’OTAN.

Propos recueillis par Marie Slavicek pour JOL Press

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