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À la veille du scrutin présidentiel, la Syrie accuse le coût de la guerre

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Trois ans après le début du conflit syrien, qui a déjà provoqué la mort de près de 160 000 personnes et entraîné d’importants déplacements de population, c’est dans un pays complètement ravagé qu’a lieu l’élection présidentielle, mardi 3 juin.

Selon un nouveau rapport publié par l’ONU quelques jours avant le scrutin, la situation syrienne est catastrophique sur le plan économique et social. Le document onusien, qui fait le bilan des deux derniers trimestres de 2013, pointe du doigt « une économie exsangue, un système de santé en ruine et un système éducatif qui vacille ».

Une situation qui devrait se poursuivre alors que lUnion européenne vient dannoncer la prolongation, jusqu’au 1er juin 2015, des sanctions adoptées contre la Syrie, qui comprennent notamment un embargo sur le pétrole et le gel des avoirs des proches de Bachar al-Assad.

Plus de 50% de la population en situation d’extrême pauvreté

Aujourd’hui, ce sont les trois quarts de la population syrienne qui vivent dans la pauvreté, et plus de la moitié de la population qui se trouve dans une situation d’extrême pauvreté. Touchés par la faim et la malnutrition, 20% des Syriens auraient à peine les moyens de satisfaire leurs besoins de base.

Le chômage a également grimpé en flèche ces dernières années, passant de 10,3% en 2011 à 54,3% au dernier trimestre de 2013.

« Depuis le début du conflit, 11 millions de personnes à charge ont perdu leurs principaux moyens de soutien financier alors que 2,67 millions de personnes ont rejoint les rangs des chômeurs », indique Alex Pollock, Directeur de la microfinance au sein de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA), qui a travaillé pour le rapport.

Une perte économique de 143,8 milliards de dollars

Alors qu’en janvier 2014, les experts expliquaient que la dette publique syrienne avait atteint 73% du PIB au second trimestre de 2013, celle-ci représente désormais 126% du PIB selon l’ONU. En 2010, avant que le conflit n’éclate, elle s’élevait à 23% du PIB, soit l’une des plus faibles du monde.

« À la fin de 2013, la perte économique totale depuis le début du conflit est estimée à 143,8 milliards de dollars » indique Rabie Nasser, chercheur au Centre syrien de recherche politique à Damas.

Le rapport de l’ONU note également la proportion croissante d’emprunts étrangers, provenant en grande partie de l’Iran, principal allié du régime syrien.

Le désastre éducatif et sanitaire

Les systèmes éducatifs et de santé ont aussi subi des dégâts sans précédent depuis trois ans. Plus de la moitié des enfants en âge d’être scolarisés ne peuvent pas prendre le chemin de l’école.

Dans certaines villes syriennes particulièrement touchées par la guerre, les chiffres atteignent des sommets : ils sont 90% à ne pas aller à l’école à Raqqa et Alep, au nord du pays, et 68% dans les zones rurales de Damas, la capitale syrienne. Des milliers d’écoles ont également été détruites depuis le début du conflit.

Jeudi, Alep était par ailleurs de nouveau touchée par les barils d’explosifs lancés par l’armée syrienne, provoquant la mort de 70 civils dont 15 enfants selon les ONG sur place. À Ras-El-Aïn, une autre ville du nord-est, ce sont sept enfants qui ont péri, exécutés par les jihadistes de l’État islamique en Irak et au Levant, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Hôpitaux dévastés, fuite, blessures ou mort des professionnels de santé et du personnel médical, crise de l’industrie pharmaceutique… Le système de santé est aussi sévèrement touché par la guerre. Les deux tiers des hôpitaux publics ont été endommagés (61 sur 91) et près de la moitié ne sont plus en état de fonctionner. 

Le nombre de médecins par rapport à la population a également chuté, passant d’un médecin pour 661 personnes en 2010 à 1 pour plus de 4000 personnes fin juin 2013.

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