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Et si l’Europe n’achetait plus du gaz à la Russie mais à l’Iran?

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Un quart du gaz consommé au sein de l’UE provient de Russie (Photo: Shutterstock.com)

 
JOL Press : Peut-on imaginer que l’Iran devienne l’un des principaux fournisseurs de gaz de l’Europe ?
 

Jean-Marie Chevalier : Les Européens cherchent à diversifier leurs sources d’approvisionnement. L’Iran, qui détient la deuxième réserve de gaz de la planète après la Russie, pourrait devenir un nouveau fournisseur pour les Occidentaux. Cela étant, on ne remplacera pas le gaz russe (160 milliards de mètres cubes vendus chaque année à l’Europe) par du gaz iranien.

Même si elle est l’alliée de l’Iran sur des sujets aussi sensibles que la Syrie, la Russie s’opposera à un tel scénario. Moscou pourrait exercer des pressions sur Téhéran, mais aussi sur la Turquie (point de passage obligé du gaz iranien), dont le gaz vient principalement de Russie.

JOL Press : Aujourd’hui, qu’est-ce qui empêche l’acheminement de gaz iranien vers l’Europe ? 
 

Jean-Marie Chevalier : Pour vendre son gaz à l’Europe, l’Iran devra construire des infrastructures coûteuses (terminaux et gazoducs de GNL, gaz naturel liquéfié). Sur ce point, la distance ne joue pas du tout en sa faveur : les coûts de transport seront très élevés. Téhéran ne pourra exporter que de faibles quantités d’hydrocarbure.

On parlait déjà de la vente du gaz iranien à l’Europe dans les années 1970. Il faudra du temps pour construire des infrastructures, au moins une dizaine d’années. Pour le moment, Téhéran n’exporte que des quantités très limitées de gaz vers la Turquie voisine. 

JOL Press : Quelles sont les autres conditions pour que l’Iran exporte son gaz vers l’Europe ?
 

Jean-Marie Chevalier : Il faudrait une levée des sanctions économiques décrétées par les Occidentaux en représailles au programme nucléaire iranien (L’Iran et les «5 + 1» – Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne – ont repris les discussions le 14 mai et doivent, en théorie, parvenir à un accord avant le 20 juillet, ndlr). En outre, la question de l’exportation du gaz divise les courants politico-religieux au sein même du régime des mollahs. 

JOL Press : Peut-on imaginer la constitution d’un axe russo-iranien contre l’Europe sur cette question du gaz ?
 

Jean-Marie Chevalier : Je ne crois pas, non. Certains observateurs parlent d’une «Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole, ndlr) du gaz», dont les membres fondateurs seraient la Russie, l’Iran et l’Algérie. Mais les conditions de mise en place d’une telle organisation paraissent compliquées, dans la mesure où chacun de ces pays entretient des relations particulières avec ses clients.

Propos recueillis par Marie Slavicek pour JOL Press

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