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Maroc: quelle est l’ampleur de la menace islamiste?

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Le Maroc a pris conscience de la menace islamiste dans les années 1990 (Photo: Shutterstock.com)

JOL Press : Quelles sont les forces islamistes en présence au Maroc ?

Pierre Vermeren : Quand le roi Mohammed VI est arrivé au pouvoir, il y a 15 ans, le Maroc ne reconnaissait pas l’existence d’une menace islamiste sur son territoire. Cette réalité s’est fait jour entre 1999, année d’intronisation du souverain, et 2003, avec les attentats de Casablanca – perpétrés par une dizaine de terroristes, ils firent 41 morts et une centaine de blessés.

Cette période est marquée par une réelle prise de conscience nationale. Le roi en a tiré les conséquences au moment du Printemps arabe en laissant des islamistes accéder au pouvoir. L’actuel Premier ministre, Abdelilah Benkirane, est ainsi issu du Parti justice et développement (PJD), une formation que l’on peut rapprocher des Frères musulmans égyptiens.

Il est difficile de parler d’islamisme de manière globale car il existe des tendances bien distinctes.

Jihadistes en Syrie

JOL Press : Vous parliez du PJD. Quelles sont les autres tendances ?

Pierre Vermeren : On peut d’abord citer le mouvement Justice et bienfaisance (Al Adl Wal Ihsane), créé en 1973. Il s’agit d’une formation non autorisée mais tolérée par le gouvernement et qui peine à reconnaître la légitimité du régime. Mais depuis la mort de son chef historique, Abdessalam Yassine, en 2012, ce parti confrérique semble en train d’être intégré par le pouvoir.

Un troisième groupe – le plus dangereux – est composé de salafistes et de jihadistes. Des milliers de jeunes Marocains sont partis faire le jihad en Syrie – certains ont d’ailleurs émigré depuis l’Europe. Ces islamistes radicaux représentent un risque considérable pour le Maroc sur le plan interne, et le risque est bien identifié. 

Risque sécuritaire 

JOL Press : Concrètement, quels sont les principaux risques ?

Pierre Vermeren : Je pense que l’intégration des islamistes dits modérés à la scène politique marocaine va se poursuivre. Si le risque sécuritaire est relativement élevé (attentats terroristes), le risque de déstabilisation du régime est, à mon avis, plutôt faible.

Tant que l’Algérie sera stable, le Maroc – qui est assez isolé du reste du monde musulman – ne sera pas exposé à une menace importante. Le vrai risque serait de voir revenir les milliers de jeunes gens partis combattre en Syrie. Les services de sécurité et de renseignement marocains sont d’ailleurs extrêmement vigilants sur ce point, tout comme les services algériens et tunisiens.

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