Site icon La Revue Internationale

Turquie: la phrase misogyne d’un ministre fait «rire» les femmes

[image:1,l]

Nouvelle polémique en Turquie. À quelques jours de l’élection présidentielle, le vice-Premier ministre turc, Bulent Arinç, en déplacement fin juillet dans sa circonscription du nord-ouest du pays, a déclaré qu’« une femme doit conserver une droiture morale, elle ne doit pas rire fort en public », rapportent les journaux turcs cette semaine.

« La femme doit savoir ce qui est décent »

Des propos qui ont suscité l’indignation dans le pays, alors que le pouvoir islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan, déjà sous le coup d’accusations de corruption, est régulièrement critiqué par l’opinion publique. « L’homme doit être moral, la femme aussi, elle doit savoir ce qui est décent et ce qui ne l’est pas », a ajouté le responsable politique, qui occupe également le poste de porte-parole du gouvernement.

« Elle ne doit pas rire fort devant tout le monde, doit absolument conserver sa décence à tout moment », a-t-il poursuivi. Sur les réseaux sociaux, la phrase a fait l’effet d’une petite bombe, provoquant le mécontentement de nombreux internautes. Sur Twitter, Facebook ou Instagram, beaucoup ont dénoncé l’intrusion « de plus en plus flagrante » du pouvoir turc dans la vie privée.

Des hashtags pour rire

En réponse aux propos considérés comme misogynes du ministre, beaucoup d’internautes, surtout des femmes, ont posté des photos d’elles riant à gorge déployée. Les clichés sont diffusés sur Twitter derrière le hashtag #kahkaha (qui signifie « rire » en turc) ou encore derrière les hashtags ironiques #direnkahkaha (« résister au rire ») ou #direnkadin (« résister aux femmes »).

Le groupe féministe des Femen a lui aussi participé à la mobilisation. Sur Twitter, la militante Inna Shevchenko écrit : « Je pense que c’est la meilleure protestation ! Continuons de rire ».

D’autres ont posté des photos d’elles les seins nus avec le message « Les vraies femmes ne rient pas ? ».

« Le parti AKP d’Erdogan dit aux femmes de ne pas rire en public. Vous pouvez continuer à pleurer pour essayer de tromper les gens, mais les femmes riront ».

Avant l’élection présidentielle, le principal adversaire d’Erdogan, Ekmeleddin Ihsanoglu, s’est lui aussi empressé de réagir à la polémique sur son compte Twitter : « Nous avons vraiment besoin d’entendre le joyeux rire des femmes », a-t-il écrit, mardi 29 juillet, dans un tweet partagé plus de 7 000 fois.

Quitter la version mobile