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Syrie: il crée des œuvres d’art à partir d’obus et de munitions

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L’ONU a de nouveau tiré la sonnette d’alarme la semaine dernière. Dans un rapport sur le conflit syrien, le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme a recensé 191 000 personnes tuées depuis le début de la guerre.

« Embellir limage de la mort »

Cela fait maintenant près de quatre ans que la population syrienne subit quotidiennement les combats sanglants entre le régime syrien et les factions rebelles, auxquels s’est ajoutée la violence sans précédent des djihadistes de l’Etat islamique (EI), qui gagnent du terrain en Irak et en Syrie.

Face à cela, certains Syriens ont choisi de chercher la beauté dans l’atrocité de la guerre.

Mohamad Duma – dont le vrai nom est Akram Abu al-Fawz  est un de ces artistes qui tentent de montrer au reste du monde un autre visage de la Syrie. En détournant la fonction première des armes, munitions, obus et autres matériaux d’artillerie, l’artiste, joint par JOL Press, explique quil veut « embellir l’image de la mort ». « En décorant des missiles et des roquettes, j’ôte la peur du cœur de mes enfants », poursuit Mohamad, père de trois enfants.

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Armes décoratives

Les armes qu’il décore sont essentiellement des obus de mortiers, des missiles antiaériens et de l’artillerie lourde du régime syrien, mais également des pièces défectueuses appartenant à l’Armée syrienne libre (ASL), qu’il trouve dans les rues de Douma, la ville située à quelques kilomètres de Damas, où une guérilla urbaine entre le régime et les rebelles avait éclaté en 2012.

Ornées d’arabesques colorées, les armes se transforment en éléments décoratifs, combinant l’art traditionnel syrien au nouvel esprit de résistance des Syriens.

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« Lart pour tisser notre liberté »

Comme beaucoup de ses voisins, Mohamad a payé cher son soutien aux rebelles, rappelle le blog des Observateurs de France 24 : sa maison a été incendiée par l’armée syrienne.

« La vie dans la ville est toujours très difficile ; à l’heure où nous parlons, des dizaines de roquettes sont tombées », nous raconte Mohamad, qui explique qu’« en raison du blocus et du manque d’argent, la ville manque cruellement de produits de première nécessité », y compris de la peinture pour ses œuvres.

Mohamad a dû changer de maison, mais il a continué de créer. Et sil peignait, avant la guerre, sur du verre, il explique quil peint maintenant « sur la mort ». Il estime ainsi dans une interview à Syria Untold que « la culture, l’art et la civilisation ne sont pas moins importants que les batailles sur le terrain. Les armes ne seront pas suffisantes pour se débarrasser de l’esclavage que nous avons vécu. Nous avons besoin aussi de l’art pour tisser notre liberté ».

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La guerre comme source d’inspiration

Mohamad n’est pas le seul à s’être inspiré de la guerre pour créer. Dans le camp de Yarmouk, au sud de Damas, Ayham, un jeune Palestinien de 26 ans, joue du piano au milieu des décombres pour apporter un peu de gaieté dans le quotidien des réfugiés.

En Cisjordanie cette fois-ci, c’est une artiste palestinienne qui, dans le village de Bilin, près de Ramallah, a planté des fleurs dans des grenades récupérées sur des lieux de conflit entre Israéliens et Palestiniens.

Depuis plus de trois ans, le patrimoine culturel syrien est quotidiennement pillé et dégradé. Pour révéler l’ampleur du désastre, l’Association pour la Protection de l’Archéologie Syrienne s’active aussi sur Internet pour lister tous les documents révélant l’état de destruction des trésors architecturaux de la Syrie, abîmés par la guerre.

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