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Syrie: l’ONU dénonce les crimes de guerre des djihadistes et du régime

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La ville d’Azaz, au nord-ouest d’Alep, avait été le théâtre de violents affrontements entre les rebelles syriens et le régime, pendant l’été 2012. (Crédit photo : Christiaan Triebert / Shutterstock.com)

Brutalité sans précédent et exécutions publiques commises par les djihadistes, bombardements sans distinction et violations de droits humains par le gouvernement syrien : c’est le constat accablant fait par l’ONU dans un rapport publié mercredi 27 août.

Alors que l’avancée des djihadistes de l’Etat islamique (EI) en Irak occupe le devant de la scène médiatique depuis plusieurs semaines, le conflit syrien semble relégué au second plan. Pourtant, depuis maintenant plus de trois ans, la guerre continue de pousser des millions de Syriens à fuir, et plus de 190 000 personnes auraient déjà trouvé la mort.

Les civils, premières victimes

C’est pour dénoncer les atrocités commises par les groupes armés d’opposition et par les forces du gouvernement de Bachar al-Assad qu’une commission d’enquête internationale indépendante sur la Syrie a publié ce rapport, basé sur près de 500 témoignages et un grand nombre de documents.

« Des centaines de civils meurent tous les jours alors que les combats se poursuivent sans égard pour la loi ni pour la conscience », a déclaré le président de la commission d’enquête, Paulo Sérgio Pinheiro.

« Les membres de l’Etat islamique ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité dans les gouvernorats d’Alep et de Raqqa, dont des actes de torture, des assassinats, des disparitions et des déplacements forcés. L’EI représente un danger pour les civils, et en particulier pour les minorités qui vivent dans les zones qu’il contrôle en Syrie et dans la région », a-t-il averti.

Exécutions le vendredi

Les chrétiens, les alaouites et d’autres minorités religieuses doivent ainsi faire face à la menace des djihadistes, qui organisent de nombreuses exécutions publiques et séances de torture, notamment le vendredi, jour le plus important pour les musulmans.

L’Etat islamique n’est pas le seul groupe djihadiste à être visé par le rapport : les combattants du Front al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda, sont également accusés d’avoir perpétré plusieurs attaques à la voiture piégée dans les villes de Homs, Damas et Alep.

L’arrivée de djihadistes étrangers venus prêter main forte aux combattants des différentes factions islamistes et le soutien matériel et financier apporté par certains « parrains » étrangers ne font qu’envenimer le conflit qui perdure et a « des conséquences désastreuses pour les civils », note encore le rapport.

Plus de 160 soldats de larmée syrienne ont par ailleurs été exécutés par les djihadistes de l’Etat islamique mercredi 27 et jeudi 28 août, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Le gouvernement en ligne de mire

Les djihadistes ne sont pas les seuls responsables de crimes de guerre. L’ONU accuse également les forces du gouvernement syrien de continuer à commettre des violations, en toute impunité. « Entre le mois de janvier et de juillet, des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants ont été tués chaque semaine dans des bombardements sans distinction, notamment avec des barils de pétrole remplis d’explosifs dans des zones peuplées par des civils », indique le rapport.

Des armes chimiques, probablement du chlore, auraient ainsi été utilisées par le régime pendant une dizaine de jours en avril, selon les enquêteurs. Mi-août, l’intégralité de l’arsenal chimique syrien aurait cependant été détruite.

Des civils blessés ont également été empêchés, par les soldats du gouvernement, de franchir des barrages routiers pour atteindre les hôpitaux, qui manquent par ailleurs cruellement de matériel et de médicaments. « Dans les prisons du gouvernement, les détenus sont torturés et soumis à des violences sexuelles de façon systématique et un grand nombre de prisonniers sont morts », signale encore le rapport.

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