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Combats sur le Golan: la menace djihadiste aux portes d’Israël?

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Lundi 1er septembre, des combats entre l’armée syrienne et le Front al-Nosra, la branche syrienne de l’organisation terroriste Al-Qaïda, ont de nouveau éclaté sur le plateau du Golan.

Le territoire, annexé par Israël en 1981 mais toujours revendiqué par la Syrie, est le théâtre de violents affrontements liés au conflit syrien. Affrontements qui font craindre une prise de contrôle des points stratégiques de la frontière par les combattants islamistes, et leur possible incursion dans l’Etat hébreu.

Échanges de tirs

Le Front al-Nosra est apparu dans le contexte de la guerre en Syrie. Il est l’un des plus importants groupes rebelles dans le conflit qui les oppose au gouvernement syrien de Bachar al-Assad. Mais, depuis quelques jours, les combats entre les islamistes et l’armée régulière syrienne se sont sensiblement rapprochés de la frontière israélienne.

Des échanges de tirs entre les deux adversaires ont en effet éclaté près de la ville syrienne de Kouneitra, important poste frontière entre les deux pays, et un groupe d’une quarantaine de casques bleus de l’ONU, présents sur le terrain, sont toujours retenus par des rebelles islamistes. Des négociations pour leur libération sont actuellement en cours.

L’armée syrienne et l’ONU, qui contrôlaient jusque-là la région, sont en train de perdre du terrain au profit des islamistes qui entendent faire tomber le régime d’Assad. Israël, qui a déployé une importante force militaire dans le Golan, contrôle étroitement les échanges de tirs et explosions de mortiers, afin d’empêcher un débordement des combats ou des « balles perdues » sur son sol.

Derniers verrous de stabilité

« D’après les responsables israéliens, la prise du poste frontière par les rebelles ne constitue pas un danger immédiat pour l’Etat hébreu », note cependant le quotidien israélien Haaretz.

« Plusieurs médias arabes indiquent que l’image des autorités israéliennes auprès des villages situés à l’est de la ligne de démarcation s’est améliorée au cours des deux dernières années, notamment après la construction d’un hôpital de campagne », indique-t-il.

« Reste que la disparition de ces derniers verrous de stabilité sur le plateau du Golan devrait inquiéter l’Etat hébreu. Le premier risque est celui d’un débordement des combats en territoire israélien (comme les tirs de mortiers et d’armes légères signalés ce dimanche [31 août]) », estime le quotidien.

Après Gaza, le Golan ?

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a aussi déclaré, samedi 30 août, qu’il avait décidé de mettre fin au conflit contre les militants du Hamas dans la bande de Gaza pour préserver les ressources militaires israéliennes en vue d’autres menaces régionales.

« Nous nous sommes battus pendant 50 jours [à Gaza], et nous aurions pu y passer 500 jours, mais nous sommes dans une situation où nous avons l’Etat islamique qui frappe à la porte de la Jordanie, et Al-Qaïda sur le plateau du Golan et à la frontière libanaise », a déclaré M. Netanyahou sur la chaîne israélienne Channel 2.

« Nous avons décidé de ne pas nous laisser entraîner trop profondément dans la bande de Gaza, et nous avons décidé de limiter notre objectif : rétablir le calme pour les Israéliens », a-t-il ajouté.

Piqûre de rappel

« Les incidents de Kouneitra sont une piqûre de rappel pour Israël, qui démontrent comment l’évolution des événements au Moyen-Orient, des progrès de l’Etat islamique en Irak et en Syrie à l’agitation en Libye en passant par la guerre de Gaza, affectent les vieilles doctrines israéliennes de sécurité et de stabilité », écrit le journaliste et écrivain israélien Yossi Melman, spécialiste de sécurité israélienne, dans une tribune publiée sur i24news.

Le journaliste rappelle que pendant trois ans et demi, Israël a tenté de rester à l’écart du conflit syrien, tendant occasionnellement la main aux forces modérées de l’opposition syrienne « pour les empêcher de lui devenir hostiles […] et dans l’espoir de s’assurer que la frontière [avec Israël] reste relativement calme ».

Mais la prise de contrôle quasi-totale de la frontière par le Front al-Nosra et l’expansion, à peine plus lointaine, de l’Etat islamique dans la région, représentent « une menace potentielle pour la stabilité de ce qui a constitué la frontière la plus « silencieuse » d’Israël depuis des décennies ».

« Israël pourrait maintenant changer de vision sur les événements en Syrie et préférer – peut-être même en le soutenant passivement – que le régime d’Assad rester au pouvoir, malgré le fait que ses ennemis jurés, l’Iran et le Hezbollah, sont alliés avec Damas », conclut le journaliste.

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