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Contre l’Etat islamique, la France exclut une coopération avec Assad

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« Une large alliance est nécessaire mais que les choses soient claires : Bachar al-Assad ne peut pas être un partenaire de la lutte contre le terrorisme, c’est l’allié objectif des djihadistes », a déclaré François Hollande jeudi 28 août, lors de son traditionnel discours devant les ambassadeurs français.

Deux barbaries

Alors que le gouvernement syrien a proposé ses services aux Occidentaux pour éradiquer l’Etat islamique, cette solution a été rejetée par la France et les Etats-Unis, après plusieurs jours de spéculations sur une possible coopération entre Damas et les puissances occidentales qui, il y a un an, projetaient d’intervenir en Syrie contre le gouvernement d’Assad.

 « Il n’y a pas de choix possible entre deux barbaries », a encore indiqué le président français. Après trois ans de conflit en Syrie, les combats entre l’armée syrienne et les différentes factions rebelles, dont l’Etat islamique (EI), ont provoqué la mort de plus de 191 000 personnes dont une majorité de civils, et plus de 3 millions de Syriens ont fui leur pays, principalement au Liban, en Jordanie et en Turquie.

Paris s’aligne sur Washington

La France suit de facto la position américaine. Barack Obama a en effet affirmé, lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche jeudi, qu’il ne voyait « aucun scénario dans lequel Assad serait capable d’une façon ou d’une autre d’apporter la paix dans une région qui est à majorité sunnite », ajoutant que le président syrien n’avait « jusqu’ici jamais démontré sa volonté de partager le pouvoir avec eux ou de chercher un accord ».

Le président américain a ainsi indiqué que les Etats-Unis continueraient « à soutenir l’opposition modérée », afin d’« offrir aux gens en Syrie une alternative au-delà d’Assad ou de l’EI ». Néanmoins, « si les Etats-Unis changeaient d’option vis-à-vis d’Assad et décidaient de coopérer, la France s’alignerait sur l’option américaine, comme elle l’a toujours fait depuis 2011 », estime Frédéric Pichon, historien spécialiste de la Syrie, interrogé par JOL Press.

Une coopération informelle ?

Malgré ces déclarations, les experts considèrent qu’une coopération non officielle pourrait avoir lieu entre les gouvernements occidentaux et Damas, par des canaux diplomatiques bien connus.

« Depuis les années 90, les services de renseignement syriens ont régulièrement échangé des informations avec l’Occident », rappelle Frédéric Pichon. « Les canaux existent, ils ont juste été interrompus pendant trois ans. Les échanges pourraient se passer de manière informelle, probablement à Beyrouth », indique le spécialiste.

Après sa réélection en juin, le pouvoir de Bachar al-Assad semble en effet parti pour durer. « Même si les élections avaient été transparentes, Bachar al-Assad aurait été réélu, parce qu’il a su se positionner habilement depuis le début comme rempart contre le chaos », estime M. Pichon. « Les Syriens ne souhaitent pas la dictature, mais le chaos islamiste leur fait horreur. De ce point de vue-là, le président syrien sort gagnant ».

Une vision partagée par Fabrice Balanche, directeur du Groupe de Recherches et d’Etudes sur la Méditerranée et le Moyen-Orient, spécialiste de la Syrie : « les Syriens qui ont soutenu l’opposition disent aujourd’hui qu’ils n’ont pas fait la révolution pour être sous la coupe de l’Etat islamique. Ils préfèrent encore vivre sous le régime d’Assad que sous celui du calife de l’EI, al-Baghdadi », confie-t-il à JOL Press.

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