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En Irak, une alliance avec Bachar al-Assad serait un soutien à sa politique

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(Photo : Valentina Petrov/Shutterstock.com)

Face à l’État Islamique, la coalition internationale a-t-elle besoin des forces de Bachar al-Assad, notamment de ses troupes au sol ?
 

Frédéric Encel : Le problème n’est pas tant de savoir si nous avons besoin de Bachar al-Assad, mais si nous souhaitons vraiment l’inclure dans la Coalition internationale.

A mon sens, la position française est la plus cohérente à cet égard ; l’an passé le dictateur syrien s’était livré à des crimes contre l’humanité en usant de gaz neurotoxiques contre sa population civile, après déjà trois ans d’une répression inouïe.

Aujourd’hui, le même Assad joue le rôle de rempart contre un État islamique qui, comble du cynisme, a été directement ou indirectement soutenu par lui ! Politiquement, demander au despote damascène son appui au sol reviendrait à se déjuger gravement et à conforter la plus odieuse des manœuvres. 

La Syrie a déjà prouvé la valeur de son armée, pourrait-elle être efficace si elle était déployée en appui des frappes occidentales et arabes ?
 

Frédéric Encel : Certes, l’armée syrienne est robuste, mais il convient de ne pas la surestimer non plus ; après tout, c’est surtout des civils qu’elle a tués ces quatre dernières années, et, face aux combattants armés, elle a été et demeure puissamment soutenue par le Hezbollah libanais et les Gardiens de la révolution (Pasdaran) iraniens. Or, en matière de répression, les uns et les autres s’y connaissent !

En outre, l’armée syrienne n’a comme solide pilier que les quelques dizaines de milliers de militaires alaouites – du clan du président Assad – ; les autres soldats n’étant pas toujours considérés comme tout à fait fiables et loyaux.

Cette armée, équipée en blindés et en pièces détachées d’avions à fonds perdus par la Russie, doit assurer la survie du régime, de Damas à Lattaquié (sur la côté), en passant par ce qui reste d’Alep. Elle est ainsi sur la défensive, et il serait étonnant qu’elle puisse – même en imaginant qu’on accepte son soutien sur le front de l’État islamique – passer à l’offensive générale. 

A terme, les membres de la coalition internationale pourraient-ils considérer cette option ?
 

Frédéric Encel : Sans doute pas car hormis la Russie et l’Iran, personne sur la scène internationale ne veut de l’appui de Bachar al-Assad. 

Les pays arabes affichent également leur refus de voir participer Bachar al-Assad à ce mouvement…
 

Frédéric Encel : En effet, et une fois n’est pas coutume, ils participent activement à la coalition.

Il faut rappeler que l’Arabie saoudite et surtout le Qatar portent une lourde responsabilité dans la progression des djihadistes fanatiques, non seulement en Irak et en Syrie mais à travers la planète. Aujourd’hui, ces régimes wahhabites – donc islamistes eux-mêmes – voient leurs créations se retourner contre eux ! D’où, entre autres raisons, leurs participations financières à la coalition.

Propos recueillis par Sybille de Larocque pour JOL Press

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