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« La guerre ne va pas se limiter aux frontières syro-irakiennes. C’est devenu une guerre transfrontalière » (Crédit photo: Oleg Zabielin / Shutterstock.com)
Après la décapitation de deux journalistes américains et d’un travailleur humanitaire britannique, les djihadistes de l’État islamique (EI), organisation islamiste qui sévit en Irak et en Syrie, ont appelé au meurtre de n’importe quel citoyen d’un pays membre de la coalition internationale lancée contre eux en Irak.
Au-delà des frontières syro-irakiennes
Dans un message audio diffusé lundi 22 septembre, après trois mois de silence, le porte-parole de l’EI, Abu Muhammad al-Adnani, invite ses partisans et les musulmans du monde entier à tuer « tout mécréant qu’il soit américain ou européen – en particulier les méchants et sales Français – ou tout citoyen d’un pays allié dans la coalition », dont l’Australie et le Canada.
« Si vous ne pouvez pas trouver d’engin explosif ou de munition, alors isolez l’Américain infidèle, le Français infidèle, ou n’importe lequel de ses alliés. Écrasez-lui la tête à coup de pierre, tuez-le avec un couteau, renversez-le avec votre voiture, jetez-le dans le vide, étouffez-le ou empoisonnez-le », déclare le porte-parole.
#Alerte : la #France et les Français mentionnés comme des cibles privilégiées dans le nouveau message audio du porte-parole de l’#EI.
— Romain Caillet (@RomainCaillet) 21 Septembre 2014
La France, qui a mené vendredi 18 septembre ses premières frappes aériennes contre un dépôt logistique de l’EI en Irak, est en première ligne des menaces proférées par l’organisation extrémiste.
Wassim Nasr, journaliste spécialiste des mouvements djihadistes, rappelle à JOL Press que c’est la première fois que la France est citée autant de fois dans un message de l’EI. « L’idée, derrière ce message, c’est que la guerre ne va pas se limiter aux frontières syro-irakiennes. C’est devenu une guerre transfrontalière », indique le spécialiste.
Tuer au nom de l’EI…
« Un autre point très important de ce message, c’est que l’EI appelle les musulmans français et occidentaux en général à se soulever et à défendre l’État islamique chez eux. C’est-à-dire qu’il appelle au meurtre de civils ou militaires non musulmans par des musulmans qui peuvent agir sans avoir l’aval de l’État islamique, ou sans forcément appartenir à l’EI. C’est une évolution importante de leur discours », estime M. Nasr.
L’EI, qui est dans une logique apocalyptique, espère également, en diffusant ce message, attirer les armées occidentales sur le terrain syro-irakien et ainsi accomplir la « prophétie » de la bataille finale entre armées « croisées » et armées musulmanes, telle qu’annoncée dans un hadith, une parole rapportée du Prophète.
Plutôt que de dissuader les États occidentaux à intervenir, ils attendent que ces derniers viennent les combattre directement en Irak et en Syrie. « Tout leur discours est dans cette veine-là », rappelle M. Nasr.
… par n’importe quel moyen
Quant aux détails barbares utilisés par le porte-parole pour décrire les différentes manières de tuer les Occidentaux, ils servent avant tout « à terrifier, mais aussi à inciter les gens qui n’ont pas les moyens de fabriquer une bombe ou d’avoir une arme, à utiliser n’importe quel moyen (voiture, étranglement, etc.) pour les tuer. Il dit même que ceux qui ne peuvent rien faire de tout cela peuvent toujours cracher au visage des « infidèles »», rappelle Wassim Nasr.
« C’est une manière de dire que la terreur est chez nous maintenant, et que les Français et les Occidentaux ne pourront plus dormir tranquille, qu’ils se retourneront dans la rue, qu’ils auront peur en permanence. C’est une menace sérieuse » estime le spécialiste.
« S’ils n’ont pas les moyens techniques d’organiser un attentat ici en leur nom, comme Al-Qaïda l’a fait, l’appel aux musulmans « lambda » à tuer ouvre la porte à quelque chose d’autre. N’importe qui, aujourd’hui, pourra agir n’importe où en leur nom ».