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L’Iran, acteur incontournable pour régler la crise en Irak?

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(Crédit photo: Borna_Mirahmadian / Shutterstock.com)

Une conférence internationale sur la sécurité de l’Irak est organisée lundi 15 septembre, à Paris. Alors que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Chine, États-Unis, Russie, France et Royaume-Uni) seront représentés, la question de la présence de l’Iran, traditionnel « adversaire » des États-Unis malgré quelques récents rapprochements, « n’est pas tranchée », selon Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement français.

L’Iran, allié chiite du gouvernement irakien, a pourtant déjà pris part aux combats contre les djihadistes de l’État islamique qui sévissent en Irak. Les Iraniens craignent en effet une incursion des extrémistes sunnites sur leur territoire.

Des militaires iraniens en Irak…

Malgré les démentis de l’Iran qui nie une implication militaire directe en Irak, des soldats et conseillers iraniens de la force Al-Qods, l’unité d’élite des « Gardiens de la révolution » dirigée par le chef militaire Ghassem Soleimani, auraient déjà été déployés sur le sol irakien.

Le 4 septembre, une vidéo publiée sur YouTube et diffusée sur les réseaux sociaux montre des hommes armés qui chantent et dansent dans le désert, célébrant manifestement une victoire. Parmi eux se trouve un homme coiffé d’une casquette beige et portant une petite barbe grise.

Selon le blog « Nouvelles d’Iran » du Monde, l’homme ne serait autre que le commandant Soleimani, et la scène se serait déroulée près de la ville d’Amerli, au nord-est de l’Irak, après la reprise de la ville par l’armée irakienne, les milices chiites et les combattants kurdes, tous alliés contre les djihadistes de l’État islamique.

Selon Al Jazeera, des centaines de soldats iraniens auraient déjà pris part fin août à une opération conjointe en Irak avec les forces kurdes (les peshmergas) pour reprendre la ville de Jalawla, ville stratégique pour l’Irak et l’Iran, à 30 kilomètres de la frontière iranienne.

…Relais des avions américains ?

« On sait bien qu’au sol, la force iranienne Al-Qods du général Soleimani est là pour encadrer et aider l’armée régulière irakienne et les milices chiites, et peut servir de relais au sol pour les avions américains », confiait à JOL Press David Rigoulet-Roze, chercheur spécialiste du Moyen-Orient.

« Cette coordination – officiellement niée mais réelle – entre l’US Air Force et ces éléments militaires iraniens sur le terrain pour circonscrire l’expansion de l’État islamique n’est pas surprenante, compte tenu de l’évolution des relations entre les États-Unis et l’Iran qui s’est dessinée à la faveur des négociations sur le nucléaire », ajoutait le spécialiste.

Barack Obama, qui a entamé ces derniers mois un rapprochement avec Hassan Rohani, le président iranien, souhaite désormais accélérer la création d’une vaste coalition internationale contre les djihadistes en Irak et en Syrie. Et il pourrait bien trouver, avec l’Iran, un terrain d’entente.

Malgré les dissensions sur le nucléaire iranien, Washington va donc sûrement devoir compter sur l’aide de Téhéran dans cette nouvelle crise qui secoue le Moyen-Orient. « Il manquait une volonté politique commune pour régler — ou du moins geler — le contentieux nucléaire et accepter la réalité de la République islamique avec son identité complexe », écrit Bernard Hourcade, spécialiste de l’Iran, dans le magazine Orient XXI. « La crise irakienne est peut-être en train de l’imposer ».

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