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Ukraine: ces jeunes Européens qui combattent aux côtés des pro-russes

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Des combattants pro-russes prêtent serment à la République autoproclamée de Donetsk, à l’est de l’Ukraine, le 21 juin 2014. (Crédit photo : Denis Kornilov / Shutterstock.com)

Ils ont entre 25 et 26 ans, sont parfois passés par l’armée française, et ont un même objectif : combattre aux côtés des séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine pour défendre les valeurs de la Russie, « dernier rempart contre la mondialisation libérale », indique Le Monde, qui a rencontré quatre de ces jeunes combattants français.

Victor, Nikola, Guillaume et Michael sont partis au mois de juin à Rostov-sur-le-Don, dans le sud de la Russie, à 80 kilomètres de la frontière ukrainienne, avant de rejoindre Budapest pour obtenir des visas russes de longue durée – pour se réfugier en Russie « si les choses tournent mal » – puis dans le Donbass, région minière séparatiste de l’est ukrainien. Là, ils ont rejoint les bataillons rebelles de la République autoproclamée de Donetsk.

Proches des mouvements d’extrême droite

C’est en Serbie, à Belgrade, que les quatre jeunes Français se sont rencontrés et ont créé un groupuscule ultranationaliste nommé « Unité continentale », qui a sa page Facebook et compte près de 2 500 « likes ». Sur leur page, des photos des combattants, des images de Donetsk assiégée, et des commentaires parfois extrémistes.

Tous ont été, de près ou de loin, proches de mouvements d’extrême droite, comme l’indique Le Monde. Deux étaient sympathisants des Jeunesses identitaires, du Parti de la France ou du mouvement skinhead Troisième voie.

Les deux autres ont participé à des manifestations de soutien au président syrien Bachar al-Assad ou ont été en contact avec d’autres organisations radicales, sans en faire partie. Ils expliquent que leur engagement n’est en rien religieux mais avant tout politique.

Contre la « déliquescence des valeurs nationales »

L’expérience que deux d’entre eux ont vécue au sein de l’armée les a également poussés à rejoindre l’Ukraine pour défendre leur vision du monde. Viktor est un ancien para qui a servi au Tchad et en Côte-d’Ivoire, et Nikola un ancien chasseur alpin qui a combattu en Afghanistan.

Les deux sont très critiques vis-à-vis de l’armée française qui, selon eux, « manque de reconnaissance pour ses soldats », qui ne sont que « le supplétifs des Etats-Unis et de l’Otan », racontent-ils à Libération, qui les a également rencontrés.

Après s’être mobilisés aux côtés des ultra-nationalistes serbes, les « continentaux » ont fait des appels aux dons et réuni les fonds dont ils avaient besoin pour partir faire la guerre aux côtés des pro-russes. Ils expliquent qu’ils veulent défendre les intérêts des Russes contre « la déliquescence des valeurs nationales ».

Interrogé par TF1, Victor confie qu’à Donetsk, « c’est deux visages de l’Europe qui s’affrontent : celle de l’UE, de l’ultralibéralisme, de l’impérialisme américain, du mariage gay, de l’athéisme, contre l’Europe de la Russie, celle de la famille traditionnelle et des valeurs saines ».

Recrutement

Ces quatre Français ne sont pas les seuls à avoir pris les armes contre l’armée ukrainienne. Des Allemands, des Tchèques, des Espagnols ou des Norvégiens les auraient déjà rejoints, et les responsables des forces armées séparatistes les appellent à recruter. L’Unité continentale souhaite ainsi former une brigade d’au moins vingt combattants. « Quand on aura rempli cette mission, on repartira d’ici », explique Nikola à Libération.

L’arrivée de ces combattants étrangers n’est pas inédite. « Cela a toujours existé mais il ne faut pas exagérer cette présence », indique à JOL Press Yves Boyer, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), spécialiste de politique de défense et de sécurité de l’UE.

« Dans ce genre de conflit, il y a toujours des personnes, souvent des militaires, chasseurs alpins ou anciens paras, qui veulent « castagner » ». Face à eux, dans les rangs des pro-Kiev, des Polonais ou des Lituaniens auraient aussi traversé la frontière pour lutter contre les rebelles. « Ce qui est dramatique dans tout cela, c’est que c’est souvent l’anarchie et que les bataillons levés se battent généralement pour rien » estime M. Boyer. 

Mais pour les Français qui combattent à Donetsk, leur combat local s’inscrit avant tout dans un conflit global : « la troisième guerre mondiale a déjà commencé », indique l’un d’eux à LibérationEt en effet, ils ne comptent pas s’arrêter là : « Si on est toujours en vie, une fois cette guerre finie, on ira aider les chrétiens d’Irak et dessouder de l’islamiste ».

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