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Les Peshmergas seront-ils les héros de Kobané?

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(Photo : Sadik Gulec/Shutterstock.com)

Une semaine après avoir reçu l’autorisation des Turcs de transiter par leur territoire pour rejoindre la Syrie, les Peshmergas irakiens sont arrivés près de Kobané dans la nuit de mardi 28 à mercredi 29 octobre. Les soldats kurdes venus d’Irak n’ont pas encore franchi les barrières de la ville et attendent d’être au complet pour s’engager auprès des soldats kurdes syriens afin de lutter contre les djihadistes de l’Etat Islamique.

Une arrivée très attendue

Ils seraient 76 pour le moment et devraient être 150 dans les jours qui viennent lorsque l’autre groupe, chargé de conduire des véhicules blindés, les auront rejoints. Le regroupement des deux groupes devrait théoriquement se faire dans l’après-midi du 29 octobre et l’entrée dans Kobané devrait se faire immédiatement.

Un déploiement rapide pour une situation d’urgence. En effet, depuis plus de 40 jours, les combattants des Unités de protection du peuple kurde (YPG) sont assiégés par les djihadistes pressés d’agrandir leur territoire avec la ville de Kobané.

Jusqu’à présent, et selon un décompte de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), la bataille de Kobané aurait fait plus de 800 morts, dont 481 djihadistes, 302 combattants kurdes et 21 civils.

Ces derniers jours, les Kurdes sont parvenus à gagner du terrain, repoussant notamment un assaut djihadiste dans les quartiers situés au nord de la ville, les plus proches de la frontière turque. Malgré cette victoire, l’arrivée des Peshmergas est très attendue sur place pour donner un nouveau souffle aux combattants kurdes syriens.

Qui sont les Peshmergas ?

Littéralement, les Peshmergas sont « les hommes qui affrontent la mort ». Constitués de 200 000 à 250 000 soldats, ils représentent la force armée du Kurdistan irakien et se sont illustrés depuis l’invasion de l’Etat Islamique en Irak en combattant pour défendre leur territoire autonome.

A l’origine, les Peshmergas n’avaient pas une vocation de combattants mais plutôt de défenseurs de la frontière kurde en Irak. Toutefois, depuis les premières batailles contre Saddam Hussein, ces derniers se sont aguerris et sont devenus des soldats véritablement prêts au combat.

« Depuis 1992, cette armée a préservé la sécurité intérieure du Kurdistan et souvent servi de fer de lance aux actions de contre-guérilla lors de la période de présence américaine », explique ainsi le colonel Michel Goya, stratégiste et historien militaire, au Huffington Post.

Ils seraient aujourd’hui « la force militaire la plus puissante sur le territoire » irakien, estime encore cet expert.

De quels moyens disposent-ils ?

Selon un porte-parole de la région autonome du Kurdistan irakien, les combattants qui interviendront à Kobané seraient équipés d’armes automatiques, de mortiers et de lance-roquettes.

Théoriquement, ces armes légères ne font pas le poids face aux moyens dont disposent les djihadistes de l’Etat Islamique. Cependant, ils ont pu compter depuis quelques mois sur les livraisons d’armées étrangères.

L’Iran a été le premier pays à venir en aide à ces soldats en fournissant des armes et du matériel en août dernier. Les Etats-Unis ont rapidement suivi le mouvement. Rapidement, alors que s’ébauchait une grande coalition internationale contre l’Etat islamique en Irak, à l’initiative des Etats-Unis, de nombreux autres pays ont également participé à cet effort de guerre.

Finalement, l’Albanie, la France, l’Allemagne, le Canada, la Croatie, le Danemark, l’Italie, la République tchèque et le Royaume-Uni se sont tous rapidement engagés à apporter un soutien matériel aux Peshmergas.

Sont-ils bien entraînés à cette forme de combat ?

Si, historiquement, les Peshmergas n’ont pas vocation à mener des actions militaires telle que celle qui les attend à Kobané, ils ont bénéficié d’un programme de formation dispensé par des soldats allemands.

Un mois après avoir envoyé leurs premières armes, des soldats allemands se sont rendus au Kurdistan irakien afin de former les Peshmergas à l’utilisation de ces armes allemandes. Des soldats kurdes ont également été envoyés en Bavière pour être formés à l’utilisation des missiles antichars de l’armée allemande.

Si aucun autre pays n’a pour le moment révélé avoir envoyer de formateurs militaires au Kurdistan, il semblerait que des instructeurs français et canadiens soient également sur place.

« Des instructeurs militaires sont venus de France, du Canada et de Turquie », peut-on lire sur Le Point, selon les propos retranscris d’un militaire peshmerga.

Seront-ils efficaces contre l’Etat Islamique ?

Une chose est sûre, les Peshmergas sont attendus comme des libérateurs. Sur le chemin qui mène du Kurdistan irakien à Kobané, les Peshmergas ont été acclamés et applaudis par la foule venue les encourager.

Sur place, les kurdes de Kobané n’attendent pas tant ce renfort humain que les armes avec lesquelles ils arriveront. Le tournant dans le conflit que les Kurdes attendent n’interviendra donc pas forcément en quelques jours.

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