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L’Arabie saoudite annonce le démantèlement une organisation liée à l’Etat islamique

L’annonce survient après l’explosion d’une voiture piégée près d’un point de contrôle situé à proximité de la prison la plus sécurisée d’Arabie saoudite, qui a tué son chauffeur et a blessé deux policiers. Les autorités ont « réussi à détruire ces dernières semaines une organisation composée de petites cellules, et qui est liée au groupe terroriste Daech », acronyme arabe de l’EI. Les membres du réseau opéraient « sur un scénario préparé depuis des zones agitées à l’étranger, dans le but de semer la sédition et d’étendre le chaos », poursuit le ministère. Le ministère a indiqué que 37 personnes avaient été tuées durant ces arrestations, y compris des membres des services de sécurité et des civils, et 120 blessées.

Parmi les 431 suspects arrêtés figurent 144 personnes accusées de soutenir le réseau en « propageant l’idéologie déviante sur internet et recrutant de nouveaux membres », selon la même source. Et 97 autres suspects sont liés à une cellule démantelée auparavant et à une attaque contre une mosquée chiite de la ville de Dalwa qui avait tué sept personnes en novembre. Figurent également parmi les personnes arrêtées, 190 suspects qui planifiaient de nouvelles attaques après celles des mosquées chiites visées en mai à Qatif et Dammam, notamment contre les forces de sécurité. L’EI, qui considère les chiites comme des hérétiques, avait revendiqué des attaques en Arabie saoudite, au Koweït et au Yémen.

L’Arabie saoudite, pays du Golfe à majorité sunnite, a multiplié ces derniers mois les arrestations d’extrémistes sunnites soupçonnés de planifier des attaques, et dénoncé les attentats antichiites revendiquées par l’EI. Ce groupe extrémiste violent est redouté en Arabie saoudite qui craint notamment que ses attentats n’attisent les tensions confessionnelles entre la majorité sunnite et la minorité chiite. La participation de l’Arabie saoudite à la coalition internationale antijihadiste en Syrie et en Irak fait aussi craindre des représailles dans le royaume. Le ministre de l’Intérieur et prince héritier Mohammed Ben Nayef vait personnellement dirigé, durant ses longues années passées au ministère de l’Intérieur, la campagne de répression contre Al-Qaïda, qui avait mené entre 2003 et 2006 une série d’attentats et d’attaques sanglants dans le royaume.

L’Etat islamique a appelé ses partisans à lancer des attaques dans le royaume saoudien. Pourtant; la pays est historique de salafistes. »L’État saoudien ainsi que l’establishment religieux n’ont jamais ouvertement financé l’État islamique qui représente pour eux une menace directe et indirecte à plus d’un titre », souligne Nabil Mouline, spécialiste de l’Arabie saoudite au CNRS et à Stanford. « En revanche, il a pu exister un certain laisser-aller au sommet de l’État, dont ont profité tout à la fois des acteurs privés, des réseaux souterrains informels et des personnalités politiques pour financer les djihadistes. »  Encouragées par l’État saoudien, nombre d’associations caritatives ont appelé à la « zakat » – la collecte de fonds humanitaires dans le cadre de l’islam – afin de venir en aide aux populations sunnites réprimées par le président syrien Bachar el-Assad. De nombreuses étaient en réalité des réseaux de collecte de fonds pour des organisation islamistes.

La sortie la plus virulente a été celle du grand mufti d’Arabie saoudite, la plus haute autorité religieuse du pays. « Les idées extrémistes, militantes et terroristes qui répandent la ruine sur la terre détruisant la civilisation humaine, ne font en aucune façon partie de l’Islam mais sont son premier ennemi et les musulmans en sont ses premières victimes » a-t-il déclaré le 20 août dernier. Depuis que Daesh a commencé son essor et que sa menace se fait sentir, le royaume saoudien se montre donc un peu plus regardant quant à ses relations avec les mouvements islamistes de la région et le changement de discours est net. Le royaume saoudien craint pour ses puits de pétrole – l’EI tente de s’accaparer la plupart des ressources de la région – et redoute la puissance mobilisatrice qu’aurait l’EI auprès de jeunes musulmans que le risque d’une hypothétique offensive sur les sites sacrés de La Mecque et Médine.

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