La Russie vient de geler une résolution justifiant l’invasion soviétique de l’Afghanistan de 1979, pour préserver les pourparlers de paix qu’elle conduit entre les talibans et le régime de Kaboul.
Espoirs des vétérans
Déclenché en décembre 1979, et ayant pris fin le 15 février 1989, le conflit russo-afghan a provoqué 1,5 million de morts côté afghan, et près de 15 000 morts côté soviétique. L’invasion s’étant soldée par un véritable fiasco militaire, le congrès des députés de l’URSS a décidé qu’elle méritait une « condamnation morale et politique ». Cette guerre est donc devenue synonyme de honte en Russie, et le premier signe du désagrégement de l’URSS.
A Moscou, les vétérans de ce conflit ont décidé de se rassembler pour célébrer le 30 ème anniversaire de l’arrêt des combats, et ont demandé, une fois encore, que la « condamnation morale et politique » jetée sur leur guerre, soit levée.
Les vieux soldats avaient toutes les raisons d’y croire.
En avril 2018, Vladimir Poutine en personne s’était déclaré « tout à fait d’accord » avec ce projet de réhabilitation, et les députés russes avaient alors commencé à préparer une loi destinée à redéfinir la situation. De plus, le conflit de 1979 se fonde sur les mêmes arguments que l’intervention militaire russe en Syrie, déclenchée en 2015. A ces conditions, il paraît difficile pour Moscou de condamner un conflit, tout en légitimant l’autre.
Trop en jeu
Mais malgré l’évidente hypocrisie dont fait l’objet le conflit de 79, il semblerait que ses vétérans soient encore loin d’avoir gain de cause.
En effet, la diplomatie russe mène en ce moment même des négociations interafghanes pour ramener la paix dans le pays, et il semblerait que celles-ci passent avant les états d’âme des vétérans. Dans ce contexte extrêmement tendu, alors que Moscou pense à redéfinir le statut des talibans, actuellement considérés comme une organisation terroriste, la révision de l’intervention soviétique de 79 paraît bien secondaire.
Il semblerait donc qu’une fois encore, les vétérans russes ne seront pas réhabilités. Pour le 30 ème anniversaire de l’arrêt des combats, ils devront se contenter d’une exposition à la Douma, la Chambre basse du Parlement de Russie, d’une cérémonie au Kremlin, et peut-être d’un aménagement de leurs retraites.