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Tensions entre Moscou et Minsk

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D’un côté, la Russie remet à l’ordre du jour un ancien projet de fusion avec Minsk datant de la fin de la guerre froide, de l’autre, la Biélorussie fait les yeux doux à Washington, tout en boudant Moscou. Il n’en fallait pas tant pour exacerber les passions.

Pressions russes

« Je me pose parfois la question, mais aujourd’hui je le dis publiquement : est-ce qu’il manque une Ukraine en Russie ? Le feu qui brûle là-bas ne devra pas se déplacer vers la Biélorussie. C’est pourquoi nous devons faire preuve de prudence et en aucun cas permettre une déstabilisation intérieure du pays », a déclaré le président biélorusse Alexandre Loukachenko, vendredi 18 janvier. Et à la surprise générale, il a annoncé la création, le 4 février, d’unités spéciales chargées de renforcer la surveillance aux frontières. Officiellement, ces forces sont destinées à lutter contre le trafic de drogues et d’armes, mais officieusement, il est clair qu’il s’agit d’une militarisation de la frontière visant à prévenir une éventuelle invasion.

Toutefois, ce n’est pas vraiment une invasion par la force que redoute Loukachenko, mais plutôt une intégration en douceur, bien plus insidieuse. En effet, les Russes ont récemment relancé un vieux projet de fusion datant de la chute de l’ex-URSS, qui prévoyait la création d’une « confédération russo-biélorusse », censée aboutir à une fusion.

Mais le projet n’a pas abouti dans les années 90, donc pourquoi le relancer ? La raison tient en trois mots : Limitation de mandats.

A l’issue de son nouveau mandat, qui expire en 2024, Vladimir Poutine sera dans l’incapacité de se représenter à la présidence russe. Or, si fusion il y a, Poutine pourrait (ce ne serait pas une première) faire une entorse à la constitution, en devenant le chef d’une nouvelle entité : la « confédération russo-biélorusse ».

Ecarts biélorusses

Alors que la Russie fait tout pour se rapprocher de celui qu’elle considère comme « son plus fidèle allié », il semblerait que celui-ci, dans un souci de souveraineté, cherche à s’en écarter.

Le message le plus clair envoyé par Loukachenko à son homologue russe est le refus catégorique de l’installation d’une base militaire russe sur son territoire. Mais le président biélorusse ne s’est pas arrêté en si bon chemin ; en octobre 2018, il a accueilli l’américain Aaron Wess Mitchell, sous-secrétaire d’Etat aux affaires européennes, et en janvier 2019, il a décidé de relancer le dialogue avec Washington, en levant la limitation du nombre de diplomates américains à Minsk.

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