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Élections européennes : Participation en hausse et montée des nationalismes

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Les sondages prédisaient l’abstention grande gagnante des élections européennes, mais les électeurs de toute l’Europe ont déjoué les pronostics. L’extrême droite enregistre également de bons résultats, dans l’Hexagone et dans plusieurs États-membres. Cette montée des partis nationalistes pourrait être une raison de la forte mobilisation des Européens.

Les élections européennes ont suscité une plus forte mobilisation que d’habitude dans la plupart des États membres. D’après le Parlement européen, le taux de participation (tous les pays de l’UE réunis) aux élections européennes était de 42,61% en 2014, contre 50,94 % en 2019. La Hongrie, la Pologne mais surtout l’Espagne enregistrent une participation en nette progression. En Espagne, le taux de participation atteint 64,30%, 20 points de plus qu’en 2014.

En France, la campagne a suscité l’intérêt des électeurs dans les derniers jours. Le taux de participation est de 51,3%, c’est presque dix points de plus qu’en 2014 et une première depuis vingt-quatre ans. Pourtant ce sont bien les enjeux nationaux, plutôt que les thèmes européens, qui ont poussé les Français à aller voter dimanche.

Focus sur la France

Écologie et immigration ont été les grands thèmes des européennes mais la campagne électorale française a surtout été marquée par la crise sociale des Gilets Jaunes et le Grand débat. C’est ce que soulignait l’historien Jean Garrigues sur BFM, le soir des élections : « la campagne s’est hyper nationalisée. Il y a une idée de revanche sur 2017 (élections présidentielles ndlr), les partis ont joué le match retour. »

Les politiques ont également mobilisé les électeurs en dramatisant des enjeux nationaux. C’est le cas d’Emmanuel Macron qui est intervenu plusieurs fois dans la campagne pour alarmer sur la montée des populismes. En désignant une cible – le Rassemblement national – le président de la République a lui-même instauré un duel contre l’extrême droite. Marine Le Pen s’est elle aussi impliquée dans ce match : pour la présidente du RN, ces élections étaient un « référendum contre Macron. »

Mobilisation des eurosceptiques

La stratégie fonctionne : Avec 23,3% des voix, le Rassemblement national devance la République en marche et est pour la seconde fois le premier parti de France sur la scène européenne. Benjamin Morel, docteur en sciences politiques, expliquait ce vote sur le plateau de BFM dimanche 26 mai : « D’habitude, les électeurs eurosceptiques ne se mobilisaient pas pour les élections européennes. Là, on voit que cette attitude est passée. L’électorat décide d’aller voter pour ses convictions, c’est un changement profond pour les élections européennes. » L’extrême droite française obtient 22 sièges au Parlement européen, mais sa victoire reste cependant à nuancer : en 2014, la formation avait réalisé un meilleur résultat (24,86% en 2014 contre 23,31% en 2019).

Comme en France, les partis nationalistes ont percé dans de nombreux pays européens : ils progressent également en Belgique, en Allemagne et en Espagne où Vox a presque multiplié son score par quatre par rapport à 2014. La Ligue et le parti du Brexit sont arrivés en tête en Italie et au Royaume-Uni. Sur les 751 sièges du Parlement européen, 115 sont attribués à l’extrême droite. Elle est désormais la troisième force politique à Bruxelles. Reste à savoir si ces formations eurosceptiques arriveront à mettre leurs intérêts nationaux de côté pour peser collectivement dans l’hémicycle.

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