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Le défi électoral d’Alexis Tsipras

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La Grèce tente toujours de se relever de la crise économique de 2008. Les élections européennes seront cruciales pour le pays, mais aussi pour son Premier ministre Alexis Tsipras. Au pouvoir depuis quatre ans, le leader du parti de gauche Syriza doit conserver la confiance de ses électeurs, lassés par des années d’austérité.

« Le 26 mai, le peuple grec enverra un message à l’élite mais aussi aux arrogants. Nous continuerons à travailler avec dignité, humilité, acharnement et ne rendrons des comptes qu’à la société. » Par ces mots, Alexis Tsipras tente de reconquérir le cœur de ses électeurs et lance un message à l’opposition. Le Premier ministre détonne dans une Union européenne libérale. L’ex-militant communiste, parfois considéré comme populiste par ses détracteurs, souhaite mener une politique de gauche en Europe.

Quelques jours avant les élections européennes, le Premier ministre a demandé au Parlement de lui renouveler sa confiance. Il a obtenu gain de cause de justesse : 153 des 300 élus de l’Assemblée ont voté en faveur du gouvernement, vendredi 10 mai.

Quelques jours avant ce vote de confiance, le leader de Syriza avait annoncé de grandes mesures sociales : allègement de la pression fiscale, aides aux retraités, baisse de la taxe sur l’alimentation ou suppression en partie de l’impôt de solidarité. Une bouffée d’air pour le peuple grec, étouffé par les huit années sous la tutelle du FMI. L’annonce de Tsipras a été décriée par l’opposition, critiquant l’opportunisme du Premier ministre et des mesures dont le but serait d’acheter des voix.

Des inégalités d’accès aux services publics

Depuis la tribune du parlement grec, Alexis Tsipras s’est défendu : « Ce parlement va progressivement revenir sur les injustices pour les prochaines générations et pour les défavorisés. » Dans un pays où le salaire minimum est de 650 euros bruts, la réduction des inégalités sera le cheval de bataille de son parti. Si le taux de chômage est tombé sous la barre des 20 % l’année dernière, quasiment 40 % des jeunes actifs grecs âgés de 15 à 24 ans étaient au chômage en 2018.

L’éducation publique n’a pas été épargnée par la crise non plus. Selon l’OCDE, le gouvernement grec a réduit de 24 % les dépenses en matière d’éducation entre 2011 et 2014. Licenciements, gel des embauches… Des milliers d’enseignants ont quitté le pays. Les 25 000 postes inoccupés ont été comblés par des contractuels. Tsipras a pris des mesures pour fournir des déjeuners gratuits aux écoles de régions défavorisées, mais n’a pas annoncé de nouvelles embauches de fonctionnaires.

Plus globalement, ce sont tous les services publics du pays qui sont défaillants, créant d’importantes inégalités d’accès à la santé. Les ménages grecs payaient de leur poche 34,3% des dépenses totales de santé en 2016, selon l’Autorité grecque des statistiques (Elstat). En comparaison, ces dépenses ne sont que de 6,8 % pour les ménages français. 125 cliniques privées se partagent le marché de la santé et seuls 11% de la population possèdent une mutuelle privée permettant une couverture maladie totale.

L’île de Lesbos, principale porte d’entrée des réfugiés

La situation économique de la Grèce n’est pas la seule préoccupation d’Alexis Tsipras, qui fait face à une sévère crise migratoire. D’après le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (UNHCR), l’île de Lesbos est la principale porte d’entrée des migrants par l’est de la Méditerranée. En 2019, la Grèce est le pays accueillant le plus de migrants illégaux en Europe. À cause de l’accord sur l’immigration UE-Turquie, les centres de réfugiés des îles grecques sont surpeuplés, et les ONG dénoncent des conditions de vie catastrophiques.

Après les élections européennes et régionales du 26 mai, suivront les législatives prévues en octobre. D’après les sondages, le Premier ministre sera devancé de 5% par son principal opposant Kyriakos Mitsotakis, leader de Nouvelle-Démocratie, parti historique de la droite en Grèce. Alexis Tsipras est donc confronté à un double défi électoral pour maintenir le cap et sortir la Grèce de l’ornière.

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