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Réseaux-sociaux : les stratégies bien rodées de l’extrême droite

By Today Testing (for derivative) - This file was derived from:Wooden Block Letters Vision.jpgF icon.svgLinkedin icon.svgPinterest-logo.pngYouTube play buttom icon (2013-2017).svgInstagram logo 2016.svgNew tumblr logo.png, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=74019154

France, Finlande, Espagne, Hongrie… L’Union européenne fait face à une montée inédite de l’extrême droite en Europe. Une part de ce succès est due à une stratégie offensive sur les réseaux sociaux. Les populismes d’extrême droite sont partis à la conquête du numérique, à grand coup de vidéos et de publications, provoquant scandale et enthousiasme.

Pour la première fois depuis la chute de Franco, l’extrême droite a fait son entrée au Parlement espagnol. Sur les réseaux-sociaux, le parti Vox a multiplié les messages ultranationalistes, contre l’avortement, l’immigration et les indépendantistes catalans. Les plateformes numériques ont permis une libération de la parole en Europe : « Avec la montée de l’extrême droite en Finlande, on a vu apparaître des propos racistes et mensongers, ils sont devenus de plus en plus courants. On dit des choses qu’on ne disait pas avant » annonce Lotta Lehti, maître de conférences à l’université d’Helsinki et spécialiste de la rhétorique numérique.

Un espace pour se rassembler

Bien avant l’avènement des pages Facebook et comptes Twitter, ce sont sur les blogs que se tenaient ces propos. « En 2007, les blogs étaient très variés, cela allait du billet à l’essai plus long. Aujourd’hui, le blog sert à publier des textes réfléchis sur des questions politiques. Sur Twitter et Facebook, ce sont des textes courts, improvisés », explique Lotta Lehti.

Pour se développer, le courant de l’extrême droite finlandaise a pu compter sur un forum pour rassembler ses électeurs. « Sans cet espace numérique, ils (les politiques et les électeurs d’extrême droite ndlr) ne pouvaient pas se rencontrer. Il y a une seule idéologie qui est acceptée sur ce forum et pas d’opinions différentes. Il n’y a pas d’espace pour les doutes, pas de débat, ce qui est pourtant la base de la démocratie » soulève la spécialiste.

Ce forum de discussion a eu un impact sur la politique du parti. « Avant juin 2017, le parti Les Vrais Finlandais n’était pas vraiment d’extrême droite. C’était un parti populiste et anti-Union européenne mais les racistes y étaient en minorité » explique Lotta Lehti. Lors d’élections internes en 2017, le parti a changé de dirigeant, nommant Jussi Halla-aho à la tête des Vrais Finlandais. L’actuel président est devenu connu et populaire grâce à son blog dans lequel il publie des textes anti-immigration depuis 2003.

L’arrivée des réseaux sociaux a bouleversé la communication politique et les campagnes électorales. Sur Facebook, les posts des partis d’extrême droite ont une meilleure visibilité que leurs adversaires politiques. La faute à l’algorithme de Facebook. Plus il y a de réactions et de commentaires, plus la publication devient populaire. « Quand les gens réagissent, l’algorithme donne plus de visibilité au post, que les réactions soient positives ou négatives » explique la spécialiste de la rhétorique. D’après une enquête relayée par le consortium de journalistes Investigate Europe, les petits partis réussissent à attirer l’attention sur Facebook ou Twitter en utilisant systématiquement les mécanismes de ces plateformes.

L’émotion, vecteur de réactions

Pour attirer les internautes et susciter des réactions, l’émotion est l’arme principale de l’extrême droite. Dans une vidéo, Santiago Abascal, leader de Vox, se met en scène à cheval ou marchant sous la pluie dans la campagne en grand défenseur des traditions rurales. Dans le même genre, les Vrais Finlandais ont diffusé une vidéo jouant sur la frustration des électeurs et leur colère envers les élites. « La vidéo du parti cherche à provoquer des émotions et des réactions de la part des spectateurs », explique Lotta Lehti.

Pour susciter l’émoi des électeurs, certains n’hésitent pas à propager des fake news, comme le parti nationaliste allemand Alternative pour l’Allemagne (AfD). Lors d’un cortège, les militants ont brandi des pancartes montrant un photomontage de 16 femmes qui auraient été « agressées » en Europe par des « migrants » ou des « musulmans ». L’information s’est avéré être fausse.

Les réseaux sociaux encouragent ce relai de fake news, au détriment de l’information objective. « L’émotion a toujours joué un rôle dans le débat politique, estime Lotta Lehti, mais avec l’arrivée du numérique, l’influence journalistique a moins d’importance. »

Crédit Photo : By Today Testing (for derivative) – This file was derived from:Wooden Block Letters Vision.jpgF icon.svgLinkedin icon.svgPinterest-logo.pngYouTube play buttom icon (2013-2017).svgInstagram logo 2016.svgNew tumblr logo.png, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=74019154

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