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Erdogan porte plainte contre « Le Point »

« L’éradicateur. Nettoyage ethnique, la méthode Erdogan. Va-t-on le laisser massacrer les Kurdes (et menacer l’Europe) ? » pouvait-on lire à la une du Point, jeudi 24 octobre.

L’avocat du président turc, Hüseyin Aydin, a immédiatement porté plainte, vendredi 25 octobre, auprès du bureau du procureur général d’Ankara, pour « insulte au chef de l’Etat ».

Colère du gouvernement turc

La plainte, qui dénonce une atteinte à l’« honneur et à la dignité » du président turc, vise directement messieurs Etienne Gernelle, directeur du Point, et Romain Gubert, rédacteur en chef de la rubrique « International » du magazine.

Et outre cette plainte, la une du point a véritablement suscité la colère du gouvernement turc, dont le porte-parole, Ibrahim Kalin, a dénoncé cette « France qui a colonisé de nombreux pays africains (…), qui a massacré des milliers de personnes, pratiqué le commerce des esclaves et qui a regardé le génocide au Rwanda ».

Pas une première

Selon les Turcs, les médias occidentaux font tout pour faire passer leur opération en Syrie pour une « guerre contre les Kurdes », mais eux affirment que leur offensive ne visait que les « terroristes » de la milice des Unités de protection du peuple (YPG), soutenus par les pays occidentaux dans leur lutte contre le groupe djihadiste Etat islamique.

Cette nouvelle campagne anti-Erdogan n’est d’ailleurs pas une première pour Le Point, qui s’est déjà mis les dirigeants turcs à dos en mai 2018, en qualifiant monsieur Erdogan de « dictateur ». La une avait alors suscité une vague de protestations à Ankara, qui avait déferlé jusqu’en France, où des militants avaient fait retirer des affiches de certains kiosques.

Mais pas étonnant qu’une telle première page soit un choc pour le président turc, qui ne souffre pas ce genre d’écarts dans son pays. En effet, depuis son élection à la présidentielle en 2014, plusieurs milliers de personnes ont déjà été condamnées en Turquie pour « injure au chef de l’Etat ».

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