Jeudi 23 janvier à Jérusalem, Vladimir Poutine a profité du 5e Forum mondial sur l’Holocauste pour proposer un sommet exceptionnel des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (USA, Russie, Chine, Royaume-Uni, France), dit « P5 ». Une idée déjà revendiquée par Paris, qui avait proposé que cette rencontre se fasse en septembre à New York, à l’occasion de l’assemblée générale de l’ONU.
« Garants de l’ordre mondial »
Réunir les membres permanents serait un acte fort, « important, et symbolique », surtout en cette année qui marque le 75e anniversaire de la création de l’ONU, a déclaré Vladimir Poutine au mémorial de Yad Vashem, à Jerusalem. En effet, le format P5, qui consolide le statut de grande puissance de la Russie, convient parfaitement à Moscou, en particulier depuis son exclusion du G8 suite à l’annexion de la Crimée en 2014.
En entendant les propos du chef d’Etat russe, Emmanuel Macron, qui aurait été le premier à proposer cette idée, selon l’Elysée, a été quelque peu surpris, et a dû improviser une réponse. « Je vous rejoins, cher Vladimir, Monsieur le président Poutine. Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies ont aujourd’hui une responsabilité historique, a-t-il déclaré. Et je partage votre volonté, 75 ans plus tard, de nous rassembler tous ensemble. Nous l’avons évoquée il y a quelques jours. Je souhaite que nous puissions le faire car nous sommes, de par cette histoire et depuis la fin du deuxième conflit mondial, les garants d’un ordre international qui tient par le droit, la légalité et le respect de chacun. »
Fortes dissensions
Pour Moscou, la nécessité de restaurer l’ordre international est due à l’unilatéralisme des Etats-Unis, qui ont mis à mal l’autorité de l’ONU en 1999 avec la guerre du Kosovo, en 2003 en envahissant l’Irak, et en se retirant de l’accord sur le nucléaire iranien (2018).
Mais l’argument peut être renvoyé à Vladimir Poutine, qui a annexé la Crimée, soutient activement les séparatistes du Dombass, et apporte son appui au criminel de guerre Bachar al-Assad. Moscou pratique également une obstruction systématique à l’ONU, en bloquant les résolutions du Conseil de sécurité sur la Syrie.