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Alliance entre le maréchal Haftar et Bachar el-Assad

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Mardi 3 mars, le dirigeant de l’Est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, a rouvert l’ambassade de Libye à Damas, concrétisant ainsi la formation d’un axe syro-libyen fondé sur une animosité partagée envers Ankara. L’agence de presse SANA a fait savoir que les responsables syriens et libyens s’étaient engagés à tout faire pour contrer « l’agression de la Turquie contre les deux pays ».

Alliance déjà existante

La réouverture de l’ambassade par l’Est libyen ne fait que concrétiser une alliance déjà existante depuis plusieurs mois, voir années. Car même s’il n’y a, pour l’instant, aucune preuve de la présence en Libye de mercenaires syriens pro-Haftar, plusieurs sources sur place ont confirmé qu’ « autour de trois cents » combattants avaient déjà été acheminés de Damas et Lattaquié.

« Ça a commencé par le recrutement, dès 2018, de jeunes Syriens, explique un ancien contractuel de la société de mercenaires russe Wagner. Depuis quelques semaines, on parle de l’arrivée à Benghazi de 1 500 hommes, des commandos syriens bien entraînés, dont la venue aurait été coordonnée par Ali Mamlouk (chef de la sécurité syrienne) ».

Des chiffres confirmés par une source, en lien avec les autorités de Tripoli cette fois, qui estime que ces nouveaux effectifs traduisent un retrait russe de la région. Depuis l’échec de Moscou, en janvier, de parvenir à un cessez-le-feu, « on voit arriver des combattants et des chabihas syriens venant remplacer les Russes au sud de la capitale. Les forces de Tripoli ont capté des communications en syrien. »

Chamboulement des alliances

En s’entendant avec l’Est libyen, Bachar el-Assad se rapproche indubitablement du camp saoudien, qui a longtemps oeuvré contre lui en Syrie. L’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont en effet, dans un premier temps, soutenu la rébellion syrienne, pour affaiblir l’Iran, avant de prendre leur distance, et de rouvrir le dialogue avec Damas. 

« Depuis plusieurs années, la propagande approuvée par Le Caire ou par Abou Dhabi ne critique jamais Assad, explique Jalel Harchaoui, membre de l’Institut des relations internationales de Clingendael. Il y apparaît périodiquement comme une figure à honorer pour son combat contre les Frères musulmans. Depuis deux ou trois ans, les mêmes remarques peuvent être faites au sujet de la propagande pro-Haftar : Assad est un personnage positif, car il est engagé dans une lutte mortelle contre l’islam politique. »

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