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Vers une adhésion de la Suède et la Finlande à l’Otan ?

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L’attitude agressive de Moscou à l’égard de son voisin ukrainien a convaincu la Suède et la Finlande, deux pays ordinairement neutres, d’entamer une procédure d’adhésion à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord. Toutefois le processus, déjà long en temps normal, s’annonce plus compliqué encore dans le contexte actuel. 

« La Finlande renforcerait l’alliance »

Jeudi 12 mai 2022, le président finlandais Sauli Niinistö et sa Première ministre Sanna Marin se sont dits favorables à une adhésion « sans délai » de leur pays à l’Otan, ajoutant que la décision serait officiellement annoncée dimanche. « Être membre de l’Otan renforcerait la sécurité de la Finlande. En tant que membre de l’Otan, la Finlande renforcerait l’alliance dans son ensemble. La Finlande doit être candidate à l’adhésion à l’Otan sans délai », ont-ils déclaré dans un communiqué commun.

« Il s’agit d’une décision souveraine de la Finlande. Si la Finlande décidait de postuler, elle serait chaleureusement accueillie au sein de l’Otan et le processus d’adhésion se déroulerait sans heurts et rapidement », a réagi le secrétaire général de l’alliance, Jens Stoltenberg. 

« Effet dissuasif en Europe du Nord »

Le lendemain, vendredi 13 mai, la Suède a emboité le pas de son voisin scandinave en publiant un rapport gouvernemental favorable à une adhésion à l’alliance. « Une adhésion de la Suède à l’Otan relèverait le seuil (de déclenchement) de conflits militaires et aurait ainsi un effet dissuasif en Europe du Nord », stipule le rapport.

De plus, enorgueillie par la résistance ukrainienne, la Suède ne semble plus redouter autant qu’avant l’armée rouge. « Notre opinion est que nous ne subirions pas d’attaque militaire conventionnelle en réaction à une éventuelle candidature à l’Otan », a fait savoir la ministre suédoise des Affaires étrangères, Ann Linde.

Pas gagné d’avance

Le processus d’adhésion à l’OTAN est particulièrement long, et comporte plusieurs étapes obligatoires entrant dans le cadre d’un plan pour l’adhésion (ou MAP, pour Membership Action Plan). La première étape consiste en une mise à niveau, qui « aide les pays aspirant à devenir membres à préparer leur adhésion et à en leur offrant des conseils pratiques et une assistance ciblée ».

Cette première étape peut être plus ou moins longue, à l’image de la Bosnie-Herzégovine, coincée à ce stade depuis 2010. Dans le cas de la Finlande et de la Suède, toutefois, la mise à niveau devrait être plus rapide, les deux pays étant déjà des partenaires militaires de l’alliance. « Le niveau de coopération est très poussé, tant en matière d’échanges de renseignements que d’interopérabilité militaire », estime un haut gradé de l’OTAN.

Opposition de la Turquie

Une fois que le pays candidat peut prouver qu’il est en mesure de respecter ses engagements et ses obligations envers l’Alliance, son adhésion doit alors être acceptée à l’unanimité par tous les pays membres. Et c’est là que la Suède et la Finlande rencontreront sûrement un obstacle, la Turquie ne voulant apparemment pas des nouveaux venus. 

« Nous suivons de près les développements, mais nous n’avons pas une opinion favorable à ce sujet, a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan vendredi 13 mai. Les gouvernements précédents de notre pays ont commis une erreur lors de la demande d’adhésion de la Grèce à l’Otan. Aujourd’hui, la Grèce adopte une position contre la Turquie en s’appuyant sur l’Alliance. Ainsi, nous ne voulons pas, en tant que Turquie, commettre une deuxième fois la même erreur ».

« De plus, les pays scandinaves, malheureusement, sont presque comme des maisons d’hôtes pour les organisations terroristes », a ajouté monsieur Erdogan, faisant allusion au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) : « Ils leur donnent pratiquement des sièges au sein de leurs parlements. Nous ne pouvons donc pas avoir une approche positive ».

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