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Les candidats s’activent pour l’exposition universelle 2030

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Achevée le 31 mars dernier, l’exposition universelle 2020, décalée deux fois pour cause de Covid-19, a été, selon de nombreux observateurs, un franc succès pour les Émirats arabes unis (EAU), pays-hôte de l’évènement. L’édition 2025 sera, quant à elle, organisée au Japon (Osaka). Déjà, les premières rumeurs circulent pour 2030. Le favori est l’Arabie saoudite, selon Matthieu Anquez, expert en géopolitique et directeur d’Ares Stratégies.

2020, une exposition universelle sous le signe de la démesure

« La folie des grandeurs », « la plus durable de l’histoire », « prouesses techniques et démesure », « l’expo de tous les superlatifs »… Depuis la fin de l’évènement, la presse spécialisée salue le coup de force des Émirats arabes unis. En termes de participants, comme de visiteurs, l’édition 2020 peut aussi se targuer d’avoir battu tous les records. « Le nombre de pays représentés à Dubaï Expo 2020 est supérieur à celui de toutes les autres expositions universelles : 192 pays, à ce jour, ont confirmé leur venue », se réjouissait, dès septembre 2021, Reem Al Hashimy, ministre émiratie de la Coopération internationale, pour Jeune Afrique. Le petit émirat a en effet fait de l’édition 2020 une machine de guerre au service de son influence internationale et, notamment, auprès de pays africains, dont Dubaï a contribué au financement de nombreux pavillons.

Plus encore, les craintes sur la fréquentation dans un contexte encore prégnant de crise sanitaire ont vite été balayées. « Les chiffres les plus récents font état de plus de 23 millions de visiteurs (soit presque l’objectif initial de 25 millions, mais il avait été défini avant la crise sanitaire) », explique Matthieu Anquez, analyste en géopolitique et directeur d’ARES Stratégies, pour Le Monde arabe. Soit un million de plus que lors de l’exposition universelle de 2015, qui s’était tenue à Milan. Le prochain millésime se tiendra en 2025 à Osaka, au Japon autour du thème « Concevoir la société du futur, imaginer notre vie de demain », signe de la montée en puissance des grandes économies asiatiques dans l’organisation des expositions internationales. Les organisateurs de l’évènement ont d’ores et déjà annoncé que les visiteurs pourront se déplacer en voitures volantes entre l’île artificielle de Yumeshima, site de l’évènement et les aéroports.

Retour dans le golfe persique en 2030 ?

Plusieurs pays sont en course pour le millésime 2030. Parmi eux, la Russie, que le contexte international élimine d’office et l’Ukraine, dont l’avenir hypothétique fragilise la candidature. « Les moyens financiers seront d’abord alloués à la reconstruction du pays lorsque cette guerre sera achevée », déplore Matthieu Anquez. L’Italie, qui a déjà accueilli l’exposition 2015 à Milan, pourrait être écartée. Restent la Corée du Sud et l’Arabie saoudite. « La Corée du Sud pourrait être un candidat sérieux. Toutefois, plusieurs pays d’Asie de l’Est ont récemment organisé une exposition universelle, comme la Chine et 2010, et le Japon organise celle de 2025 » constate Matthieu Anquez qui affirme que « la candidature saoudienne (…) paraît pour le moment la plus pertinente ». D’autant que le pavillon de l’Arabie Saoudite à Dubaï a été récompensé du prix du meilleur pavillon et que, selon Matthieu Anquez, « à la tête de la Commission royale pour la ville de Riyad, qui porte la candidature saoudienne à l’exposition 2030, Fahad al-Rasheed a réalisé de gros efforts pour faire de la capitale du royaume une ville-monde, parfaitement apte à accueillir ce genre d’évènements ».

L’Arabie saoudite a en effet multiplié, ces dernières années, les plans d’investissements d’ampleur, orientés sur l’innovation, la recherche dans les nouvelles technologies et, surtout, la lutte contre le réchauffement climatique et la préparation de l’après-pétrole. Des efforts indéniables que le pays veut exposer au reste du monde, réalisés sous l’impulsion de Mohammed ben Salmane, prince héritier et vice-Premier ministre du pays. « L’Arabie saoudite s’est lancée dans un grand effort de modernisation économique et sociale, en partie motivé par sa volonté de sortir de sa trop grande dépendance aux hydrocarbures et donc à la diversification de ses activités », souligne l’expert. Le plan Vision 2030, cœur opérationnel de l’Arabie saoudite dans ce domaine, est d’ailleurs supposé s’achever en même temps que le début de l’exposition universelle. Une coïncidence sur laquelle l’Arabie saoudite veut capitaliser.

Au-delà de Vision 2030, l’ouverture au monde de l’Arabie saoudite s’est concrétisée par plusieurs grands projets médiatisés, permettant au pays de s’extirper quelque peu de son image conservatrice, encore prédominante en Occident. « Un effort considérable a été consenti dans le domaine des énergies renouvelables (éolien, solaire), des villes connectées du futur mais aussi du tourisme avec une mise en valeur de son patrimoine pré-islamique », explique Matthieu Anquez. « De tels thèmes pourraient ainsi contribuer à la crédibilité de la candidature saoudienne compte tenu de l’urgence climatique et des enjeux liés à l’urbanisation de demain », poursuit l’expert.

Verdict final fin 2023

La décision finale appartient aux 170 pays membres du Bureau international des expositions (BIE), dont le vote à bulletin secret permettra de départager les candidats lors d’une Assemblée générale de l’Organisation prévue à la fin de l’année 2023. L’Arabie saoudite peut d’ores et déjà compter sur les voix de plusieurs pays africains et musulmans, qui ont officiellement apporté leur soutien au pays. De son côté, la Corée du Sud profite des rencontres bilatérales entre chefs d’État pour tenter de rassembler des voix, comme en Suède et en Ouzbékistan, en avril et mai dernier.

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