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Pas d’adhésion (rapide) de la Suède et la Finlande à l’Otan

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Press conference by NATO Secretary General Jens Stoltenberg ahead of the meetings of NATO Defence Ministers on 14-15 February at NATO Headquarters in Brussels

Alors qu’Helsinki et Stockholm espéraient une adhésion rapide à l’alliance, ils ont brutalement été ramenés à la réalité par Ankara, qui refuse leur entrée au motif que les deux pays soutiennent les Kurdes.

Pourparlers

« La Turquie soutient que l’adhésion à l’Otan de la Suède et de la Finlande comporte des risques pour sa propre sécurité et l’avenir de l’organisation. Nous sommes parfaitement en droit d’attendre de ces pays, qui pourraient éventuellement voir la deuxième plus grande armée de l’Alliance venir les défendre en vertu de l’article 5, qu’ils empêchent le recrutement, la collecte de fonds et les activités de propagande du PKK, que l’Union européenne et les États-Unis considèrent comme une entité terroriste », déclarait le président turc Recep Tayyip Erdogan début juin. Nous demandons « des mesures concrètes » de Stockholm et Helsinki concernant la question kurde, a plus récemment réclamé monsieur Erdogan, mercredi dernier.

Les trois pays sont donc en négociation pour parvenir à un accord avant la prochaine réunion des trente membres de l’alliance, qui se tiendra à Madrid du 28 au 30 juin. « Je pense que c’est possible mais ce serait très difficile, cela demanderait aux deux camps de montrer une réelle volonté de faire quelque compromis », prévient Paul Levin, directeur de l’Institut des études turques à l’université de Stockholm. « Si nous ne réglons pas ces questions avant Madrid, il y a un risque que la situation soit gelée. Nous ne savons pas pour combien de temps mais cela pourrait prendre un certain temps », s’inquiète la Première ministre finlandaise Sanna Marin.

Mais Helsinki et Stockholm pourraient ne pas être logés à la même enseigne, Ankara mettant davantage la pression sur la Suède, qui accueille une communauté kurde estimée à 100 000 personnes. « La Suède se démarque en étant généralement plus favorable à la cause kurde, pointe Paul Levin. De ce point de vue là, la Turquie a peut-être raison de se focaliser sur la Suède ». « Il y a un réel conflit entre la vision de la Suède sur la question kurde et les exigences turques envers la Suède », ajoute Li Bennich-Björkman, professeure en sciences politiques à l’université d’Uppsala.

Pour amadouer la Turquie, Helsinki a également laissé entendre que la Finlande serait prête à se procurer des drones Bayraktar TB-2 auprès de la Turquie. « Il est existe une technologie turque qui pourrait intéresser la Finlande. Tout le monde a suivi les drones et autres systèmes. Mais je ne veux pas précipiter les évènements. Regardons d’abord l’état des négociations en cours », déclarait ainsi le ministre finlandais des Affaires étrangères, Pekka Haavisto, en début de mois. 

Revers pour l’Otan

L’intransigeance d’Ankara concernant l’adhésion des deux pays nordiques est un coup dur pour l’Otan, qui gagnerait deux membres puissants dans la région de la Baltique. «Il est évident que la Suède et la Finlande disposent de meilleures capacités militaires que les pays baltes. Ces deux pays ont quelque chose que nous n’avons pas : des forces aériennes et une marine solides », relève Martin Hurt, du Centre international pour la défense et la sécurité en Estonie.

«D’ici quelques années, la défense aérienne commune des pays nordiques sera composée de 150 avions de combat F-35 et de 72 avions de combat suédois JAS Gripen opérationnels.Cela créera une importante force de dissuasion sur le flanc nord de l’OTAN », ajoute Kate Hansen Bundt, secrétaire générale du Comité atlantique norvégien. 

« Aucun candidat ne pourrait être plus compatible avec l’OTAN que ces deux pays », surenchérit l’ancien Premier ministre finlandais, Alexander Stubb. Sans oublier que la Finlande « dispose de l’une des plus grandes forces d’artillerie, des meilleurs services de reconnaissance ainsi que des cybercapacités les plus modernes d’Europe », clame-t-il.

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