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Les Ukrainiens ont repris l’île aux Serpents

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Reprendre est un bien grand mot, mais depuis lundi 4 juillet, le drapeau ukrainien flotte de nouveau sur l’île au Serpent. Ce caillou stratégique situé à 50km au large d’Odessa était devenu le symbole de la résistance au début de la guerre, après qu’un soldat ukrainien ait crié le fameux « Navire de guerre russe, va te faire foutre ».

Retour prudent

Le drapeau ukrainien a été acheminé par hélicoptère et monté sur un mat lundi vers 23 heures, et il devra suffire pour le moment à signifier la possession ukrainienne de l’île, aucun envoi de troupe n’étant prévu prochainement. 

En effet, « si nous envoyions des soldats sur l’île, ils se retrouveraient sous le feu russe tout comme leurs soldats ont été vaincus par les bombardements ukrainiens. C’est un territoire extrêmement dangereux » explique la porte-parole de l’armée ukrainienne dans le sud du pays, Natalia Humeniuk« D’autant que rien ne nous garantit que les Russes n’ont pas jonché l’île et la jetée de mines et de pièges explosifs, comme ils l’ont fait avant de quitter toutes les autres localités dont ils ont été chassés. De la même manière, nous ne savons pas s’il reste des éléments russes cachés sur l’île », ajoute-t-elle.

« La victoire est à portée de main ! »

Toutefois, « il n’est pas vraiment nécessaire ni urgent d’envoyer des soldats sur l’île, rappelle l’analyste politique ukrainien Nick Daviduk. Grâce aux missiles à longue portée livrés par les Occidentaux, nous pouvons garantir que l’île ne sera pas reprise, et assurer notre contrôle sur la zone dans son ensemble. Le plus important était de bouter hors de l’île les soldats russes, afin de consacrer une victoire importante, tant au niveau sécuritaire que symbolique ».

« Il faut reconnaître que c’est grâce à ces livraisons que nous avons gagné, insiste l’analyste. Et c’est précisément la preuve tangible que l’envoi de matériel peut avoir un impact décisif sur l’issue des combats. Face aux tirs de missiles à longue portée, la garnison russe postée sur l’île a été forcée de capituler. Alors, si nous avons suffisamment d’armes, nous pouvons bel et bien gagner cette guerre, car les bureaux de recrutement pour la Défense territoriale et autres organismes de résistance continuent de recevoir de nombreuses demandesNous avons la volonté, et les effectifs. Maintenant, on sait qu’avec les bonnes armes, la victoire est à portée de main ! »

Impact sur le blocus

La fin de l’occupation de l’île aux Serpents par les forces russes était l’une des trois conditions de Kiev pour revenir à la table des négociations concernant l’exportation du blé ukrainien par la mer Noire. Avec ce départ de l’armée russe, l’Ukraine devrait donc être plus encline au dialogue.

« Tant qu’un accord politique n’est pas trouvé, il n’y a aucune possibilité d’exporter ces céréales par la mer Noire », explique Igor Delanoë, directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe. Or, « du côté ukrainien, les trois points de contention sont les mines russes dans la mer Noire, l’insistance de la part de Moscou que les navires commerciaux ukrainiens dans la zone devraient être inspectés par les Russes, et la présence militaire sur l’île des Serpents. L’un de ces points de friction vient d’être éliminé, ce qui décrispera certainement Kiev et favorisera la conclusion d’un accord ». Pour le moment « les négociations se poursuivent en filigrane », ajoute le chercheur, et « il faudra attendre de voir si, vraiment, la reprise de l’île par les Ukrainiens, ou plutôt l’absence de soldats russes obtenue par les Ukrainiens, facilitera un accord … »

Mais quoi qu’il en soit, « même si l’on n’exporte toujours pas de céréales par le port d’Odessa, même si l’île est déserte, même si les Russes rôdent en mer Noire et nous imposent leurs mines flottantes, c’est une victoire dont nous pouvons être fiers ! », conclut Nick Daviduk.

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