Un blizzard s’est abattu sur les Etat-Unis pendant plusieurs jours, paralysant le pays et causant des dizaines de morts. La situation revient peu à peu à la normale, mais le dégel pourrait lui aussi apporter son lot de problèmes.
Pas une première
Ce blizzard était une véritable bombe météorologique, due à la rencontre entre une dépression apparue dans le nord des Etats-Unis et un anticyclone situé au nord du Canada. « En s’approchant l’une de l’autre, ces deux masses tournant dans un sens opposé ont créé un engrenage qui a entraîné l’expulsion d’une énorme bulle d’air polaire vers le sud, explique Tristan Amm, prévisionniste à Météo-France. Ce froid est descendu jusqu’au centre des États-Unis, et a même débordé en Louisiane, où des gelées ont été enregistrées ».
Selon les experts, la gravité du phénomène météo a en plus été empirée par la géographie sans relief du continent nord-américain, qui n’a opposé aucun obstacle à cette déferlante d’air polaire.
Une vague de froid spectaculaire donc, qui n’est toutefois pas « sans précédent », comme le rappelle le climatologue Robert Vautard, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement. « Des températures négatives à cette période en Floride se produisent tous les cinq à dix ans depuis les années 1980, explique l’expert. Mais, dans un climat qui se réchauffe, les vagues de froid de ce type, ainsi que les chutes massives de neige, seront forcément plus rares, et nous aurons d’autant plus l’impression qu’elles sont exceptionnelles ». De plus, « même s’ils se produisent encore, les futurs coups de blizzard seront plus chauds qu’il y a cinquante ans», ajoute Gerhard Krinner, chercheur à l’Institut des géosciences de l’environnement (CNRS).
Redoux brutal
Selon Tristan Amm, le redoux sera aussi rapide et soudain que le blizzard, grâce à une vague de chaleur venue de Californie et qui devrait balayer le pays d’ouest en est. « On passera par exemple en quelques jours de – 30 °C à Denver (Colorado) à + 17 °C, soit 10 °C au-dessus des températures normales de la saison », prévient l’expert.
Ce redoux sera également brutal, dans le sens où il devrait apporter son lot de calamités. En effet, « à mesure que les températures se réchauffent, nous nous attendons à ce que la neige fonde et à de possibles inondations causées par une fonte rapide », met en garde Mark Poloncarz, un responsable du comté d’Erie. La gouverneure de l’État de New York, Kathy Hochul, a donc demandé aux agences locales de se préparer à un risque élevé d’« inondations potentiellement dangereuses ».
Au total, et jusqu’à présent, le blizzard a fait au moins 59 morts, mais ce bilan pourrait donc s’alourdir en raison des inondations à venir. Toujours est-il que la garde nationale est mobilisée pour faire face à cette nouvelle menace. Les militaires font du porte-à-porte, vérifient que les habitants sont en sécurité et que le courant est rétabli … Peut-être cela sera-t-il suffisant.