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Moscou préparerait une «action stratégique décisive» pour 2023

Valeri GuerassimovValeri Guerassimov

Dimanche 15 janvier, l’ancien conseiller de Vladimir Poutine, Andreï Illarionov, a annoncé dans une interview sur YouTube que la Russie serait en train de mettre au point un plan pour surprendre les Ukrainiens et les Occidentaux.

Plusieurs éléments réunis

Depuis l’annonce de la mobilisation le 17 septembre, et « surtout depuis le 15 décembre, Poutine et l’état-major travaillent 24h sur 24 » pour élaborer une nouvelle stratégie, affirme Andreï Illarionov. Celle-ci pourrait notamment consister à frapper les lignes d’approvisionnement, vitales pour Kiev, qui relient l’Ukraine aux pays européens de l’Otan. 

Selon l’expert, tous les éléments sont réunis pour une attaque d’envergure ; la visite de Vladimir Poutine à Minsk « pour inspecter les troupes en cas d’invasion par le nord », sa présence lors de la mise à l’eau de la frégate Gorshkov le 4 janvier, qui a immédiatement mis le cap sur la Méditerranée, la nomination du chef d’état-major des armées, Valery Guerassimov, à la tête de toutes les opérations militaires … Selon le politologue Constantin Remtchoukov, qui confirme la théorie d’Illarionov, le Kremlin aurait d’ailleurs reconnu que « l’ampleur de la guerre exigeait le niveau d’une armée entière si l’on est face à l’Otan ».

Les trois grands théâtres d’opérations (le nord-est, l’est et le sud) auraient en outre été confiés à trois adjoints de Guerassimov, considérés comme « la crème de la crème », selon Illarionov. Parmi eux, le général Saliukov serait stationné en Biélorussie avec pour mission « de couper l’armée ukrainienne des armes occidentales, car c’est le facteur clé pour que Kiev puisse continuer le combat », et le général Sergueï Surovikine serait positionné à l’est, pour maintenir la pression dans le Donbass. Enfin, le troisième axe consisterait en un parachutage de troupes au sud dans la région d’Odessa pour mettre en place une tenaille avec les troupes venues de Minsk. 

Rien pour l’instant

Les éléments recensés par Illarionov sont cependant loin d’être suffisants pour de nombreux experts occidentaux. « Pour l’instant, nous n’observons pas de concentrations qui permettraient de conclure à de tels mouvements imminents, même s’il y a des mouvements en Biélorussie et que des soldats russes commencent à s’y entraîner », estime la spécialiste militaire norvégienne Katarzyna Zysk.

« Si les Russes n’ont pas déjà tiré sur ces lignes d’approvisionnement, c’est sans doute parce qu’ils craignent une escalade avec l’Occident », note l’experte, précisant qu’un changement de stratégie était toutefois possible. « On a eu sur les réseaux sociaux, pendant l’invasion, le spectacle d’une désorganisation tellement stupéfiante et surréaliste qu’on a le sentiment que l’armée russe est une plaisanterie, mais elle n’est pas à genoux », prévient la spécialiste.

Il est clair que les Russes « sont en train de réévaluer leurs erreurs en matière de renseignement, les failles abyssales de la planification opérationnelle et celles de la chaîne de commandement », avance Katarzyna Zysk. Toutefois la formation pose problème. La mobilisation de 1,5 millions de soldats semble possible, mais « il n’est pas sûr que l’institution dispose de l’encadrement nécessaire pour former ces soldats », estime Zysk. « L’armée russe manque drastiquement d’officiers », abonde le politologue Stanislas Belkovski. L’incertitude demeure également à propos du matériel. « Les Russes ont encore des véhicules blindés, mais dans quel état? C’est une vraie inconnue », rappelle Katarzyna Zysk.

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