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Retour de la guerre froide

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Depuis la chute de l’URSS l’Otan se repose sur ses deux oreilles, certaine que la Russie ne serait plus une menace, et pourrait même devenir un allier, mais l’invasion de l’Ukraine le 24 février lui a remis les idées en place. L’Alliance doit aujourd’hui se tenir prête, et réorganiser ses lignes de défense face à la Russie.

« Famille de plans »

« Nous entrons dans une nouvelle ère de notre défense collective avec des demandes envers l’Otan que nous n’avions pas vues depuis  la fin de la guerre froide », explique le général américain Matthew Van Wagenen, officier en charge du déploiement « opérationnel stratégique » de l’Otan. 

« On me demande pourquoi les ajustements n’ont pas été faits il y a vingt ans ? Mais il y a vingt ans, la Russie, croyez-le ou non,  était vue comme un partenaire  », assure le militaire, impressionné par la vitesse à laquelle les relations se sont détériorées. Nommé en juin à ce poste, après avoir passé presque toute sa carrière en Europe, le général Van Wagenen est placé directement sous les ordres du commandant suprême de l’alliance, le général Christopher G. Cavoli.

Ce dernier a d’ailleurs récemment évoqué une série de plans que l’Alliance avait mis en place depuis le sommet de Madrid, en juin dernier. « Nous sommes en train de mettre en œuvre et de développer une famille de plans qui décrit comment l’Alliance opère en temps de paix, de crise et de guerre pour fournir une défense collective », expliquait ainsi le général Christopher Cavoli mi-janvier. « La première chose que nous faisons c’est écouter les attentes des trente nations, en matière de défense, et parvenir à un accord. Mais c’est la magie de l’Alliance. Elle fonctionne comme un mariage: il faut de la compréhension, mais aussi apprendre à être d’accord sur des désaccords…», explique le commandant suprême. 

« Défensifs par nature »

En 2023, les plans devront être « multidomaines, multichamps »,c’est-à-dire concerner les combats  « sur terre, sur mer, dans les airs, dans l’espace et dans le cyberespace », et « pouvoir s’adapter à des menaces asymétriques », précise le général Van Wagenen. Toutefois, « ces plans sont défensifs par nature », rappelle le militaire. « Ils sont adaptables et, jusqu’à un certain point, régionalisés ».

Jusqu’à maintenant, ces « plans défensifs » représentaient huit bataillons disposés le long du flanc est de l’Europe, dans les pays baltes, la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie, la Bulgarie et la Roumanie, mais les choses ne devraient pas en rester là. Fort de 43 mille hommes, le commandement des opérations de l’Otan devrait passer à 300 000 soldats placés « en haut niveau d’alerte » d’ici juin.  

L’Otan doit donc s’activer pour atteindre cet objectif, mais des déséquilibres existent toujours entre ses membres, aussi bien en termes de moyens que de volonté. « Le processus de génération de forces ces vingt dernières années était prévisible et planifié. Les pays savaient ce qu’ils devaient fournir », explique le général Van Wagenen, qui peine à mettre certains Etats membres au pas. 

« Nous devons avoir plus de forces prêtes plus vite et à une échelle plus grande. Certaines forces seront déployables, mais d’autres seront déjà en place dans les pays. Il faut discuter de la contribution des États », insiste-t-il.

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