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La Russie hausse le ton face à Bachar al-Assad

[image:1,l]La capitale syrienne est sous le feu de combats violents depuis ce matin, mardi 20 mars. Jusqu’alors, Moscou a toujours soutenu le gouvernement syrien, refusant de s’immiscer dans les affaires intérieures du pays après avoir opposé deux vetos à des projets de résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU pour condamner la répression. La Russie serait en train de revoir son discours. Elle demande au gouvernement syrien d’accepter une trêve de quelques heures chaque jour afin de permettre à la Croix-Rouge d’organiser son intervention.

Kofi Annan ne fait pas trembler Bachar al-Assad

La Russie se fait même pressante, elle a appelé aujourd’hui son allié à accepter « immédiatement » une trêve humanitaire quotidienne.

Alors que l’émissaire spécial de l’ONU Kofi Annan a mandaté des experts en Syrie pour trouver une solution de sortie à la crise, la situation sur le terrain ne montre aucun signe d’amélioration. 25 personnes ont trouvé la mort lundi 19 mars dans le pays, selon un bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

Désormais, la révolte a atteint la capitale, Damas. Le quartier de Mazzé, qui abrite de nombreux bâtiments gouvernementaux et quelques ambassades, a été le plus durement touché par les affrontements entre l’armée syrienne et les rebelles.

Samedi 17 et dimanche 18 mars, trois attentats avaient déjà frappé Damas et Alep, deuxième ville du pays, située au nord du territoire. D’autres combats se sont également déclenchés à Deir Ezzor, à l’est du pays, entre déserteurs et soldats.

Russie et Croix-Rouge internationale s’engagent ensemble

Le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov et le chef du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Jakob Kellenberger, ont publié une déclaration à l’issue d’une entrevue, lundi 19 mars à Moscou, dans laquelle ils appellent « le gouvernement syrien et les groupes armés à accepter immédiatement une trêve quotidienne humanitaire afin de permettre au CICR l’accès aux blessés et aux civils qui doivent être évacués ».

Ils soulignent également « la nécessité d’assurer l’accès du CICR à toutes les personnes détenues en Syrie à la suite des actions de protestations. »

Depuis le début de la répression, en mars 2011, c’est la première fois que la Russie prend position aussi fermement contre le gouvernement syrien.

Attitude remarquée sur le plan international. « Nous constatons une évolution dans la position publique de la Russie », a déclaré Victoria Nuland, porte-parole du département d’Etat américain.

Depuis un an, la Russie s’est toujours montrée fidèle à son allié syrien, envers et contre tout.

Tout soutien inconditionnel a ses limites

Partenaire économique de Moscou, la Syrie est également pour la Russie le moyen d’exorciser le souvenir libyen. Lorsque l’autorisation de la zone d’exclusion aérienne et donc l’intervention de l’OTAN en Libye a été votée à l’ONU, la Russie s’était abstenue, empêchant ainsi de bloquer le vote, mais refusant de prendre part à un acte qu’elle considérait comme une ingérence dans la politique d’un pays souverain.

Aujourd’hui, Moscou défend Damas depuis un an. Par ses vetos au Conseil de sécurité de l’ONU, en compagnie de la Chine, la Russie a ainsi empêché à deux reprises la condamnation de la répression du gouvernement de Bachar al-Assad.

Aujourd’hui, la Russie révise visiblement ses positions. Elle n’est pas seule, la Chine serait également en train de retourner sa veste pour préserver ses affinités économiques avec les riches pays du Golfe, profondément engagés contre la politique du dirigeant syrien.

En cas de disparition de ses deux seuls soutiens de poids sur la scène politique internationale, la Syrie se retrouverait totalement isolée. Dès lors, elle serait contrainte d’accepter une intervention humanitaire et devrait se résoudre à l’idée d’une sortie de crise guidée par la communauté internationale.

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