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Syrie : la Chine pourrait changer d’avis

[image:1,l]Alors que le massacre continue en Syrie, un des deux pays alliés qui avaient posé leur veto à une résolution condamnant le pays au Conseil de Sécurité de l’ONU, protégeant ainsi le régime de Bachar al-Assad d’une action internationale, pourrait bien être amené à assouplir ses positions : la Chine.

La Chine regarde ses intérêts de plus près

Depuis la création du Conseil de sécurité de l’ONU, la Chine n’a utilisé son veto qu’à six reprises. La plupart du temps, les débats portaient alors sur la question de Taïwan, que la Chine considère toujours comme une partie dissidente de son territoire. Aujourd’hui, de nombreux diplomates tombent d’accord : la Chine n’utilisera pas son veto une nouvelle fois pour protéger la Syrie.

« Après l’embargo européen et américain sur le pétrole iranien, la Chine commence à vouloir repenser ses relations avec le Conseil de coopération du Golfe (CCG), le plus grand exportateur de la grande consommatrice chinoise », déclare un analyste politique syrien à Damas qui a demandé à garder l’anonymat pour parler librement.

« L’Arabie Saoudite, qui dirige le CCG, a pris une forte position anti-Assad et la Chine a de gros intérêts et de nombreux investissements dans le CCG. En revanche, la Chine n’a pas d’investissement en Syrie. Les Chinois sentent qu’ils font une grosse erreur en suivant la Russie. »

La Russie comme la Chine se sont opposées, à deux reprises, à une résolution condamnant les violences du régime syrien contre son propre peuple et appelant à la démission du président syrien, affirmant que la communauté internationale ne devait pas s’immiscer dans les affaires intérieures des Etats indépendants.

Les diplomates négocient actuellement une troisième résolution au Conseil de sécurité qui devrait être soumise à un vote cette semaine. La résolution, révisée, n’inclura probablement pas d’appel à la démission de Bachar al-Assad mais devrait condamner toute forme de violence dans le pays, visant ainsi le gouvernement et l’opposition armée.

Mauvais souvenirs de Libye

Le 7 mars dernier, un émissaire chinois, Li Huaxin, a rencontré le ministre syrien des Affaires étrangères, Waleed al-Moallem, à Damas, pour lui présenter un plan en six points afin de trouver une solution politique pour sortir de la crise.

Pourtant, les massacres ont continué. Au cours du week-end suivant, près de 50 personnes ont été tuées à Homs, dont des femmes et des enfants, dans des quartiers de la ville autrefois contrôlés par les forces rebelles et récemment repris par l’armée. Les médias d’Etat ont relayé l’information en accusant « des gangs terroristes armés ».

Mais certaines photos ont déjà fait le tour du monde, elles montrent notamment les corps de cinq enfants, certains semblent avoir eu la gorge tranchée. Dans les jours qui ont suivi le retrait de l’Armée syrienne libre du quartier de Baba Amr, à Homs, des témoins ont déclaré que des miliciens du président Assad, connus sous le nom de chabiha, ont tué des dizaines de civils.

Les Chinois se rapprochent de l’opposition

En 2004, Bachar al-Assad était devenu le premier leader syrien à se rendre en visite officielle en Chine. Pendant trois ans, le commerce syro-chinois a grimpé jusqu’à 1,5 milliard de dollars, faisant de la Chine le plus grand partenaire commercial de Damas, bien qu’il ne s’agisse quasiment que d’exportations chinoises en Syrie.

La Chine a deux compagnies pétrolières avec quelques petites concessions en Syrie qui emploient quelques centaines de travailleurs chinois. Ils ont été rappelés dans leur pays natal la semaine dernière, le jour de la visite de Li Huaxin à Damas.

Car la Chine se souvient de la Libye. Après s’être abstenue lors du vote qui a autorisé une action internationale en Libye, la Chine a été contrainte d’organiser une opération de rapatriement de 36 000 ressortissants chinois en onze heures, lorsque l’OTAN a lancé ses premiers bombardements.

Avant de rencontrer le leader du CCG, Abdullatif al-Zayani, dans la capitale saoudienne dimanche 11 mars, Li Huaxin a également rencontré une délégation de la Commission de coordination syrienne pour le changement démocratique, dirigée par le vétéran d’opposition Hassan Abdul Azim.

« Il nous a exhortés à entamer un dialogue avec le gouvernement », explique un membre du groupe d’Hassan Abdul Azim.

« Nous voulons parler des moyens de permettre à la Syrie d’entamer une transition de la dictature vers une démocratie. Nous ne pouvons pas nous asseoir et parler avec des personnes qui sont engagées dans le sang et dans le meurtre. Les Chinois ont commencé à changer d’état d’esprit et nous écoutent. La Chine ne soutiendra plus Bachar al-Assad comme avant. »

Global Post/Adaptation Sybille de Larocque – JOL Press

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