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La Russie: nouvel arbitre du conflit ?

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Nouveau massacre à Hama

Selon une dépêche de l’AFP, le Conseil national syrien (CNS) et l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) ont rapporté qu’une centaine de personnes, dont des femmes et des enfants, auraient été tuées à Al-Koubeir, dans Hama, région du centre de la Syrie connue pour son activité militante contre le régime de Bachar al-Assad. Le CNS appelle la population à se recueillir ces jeudi et vendredi de deuils, et à se rassembler dans la lutte contre le régime meurtrier. Comme à son habitude, ce dernier dément et accuse, dans un communiqué rapporté par France 24, « un groupe terroriste d’avoir commis un crime haineux dans la région de Hama qui a fait neuf victimes ». Accusations peu crédibles, même pour la Russie qui semble se détacher de l’alliance historique qui l’unit avec la Syrie, bien que toujours défavorable à toute intervention militaire. [Image:1,l]

Le rôle-pivot de la Russie pour la résolution du conflit syrien

L’importance cruciale de la Russie dans l’éventuel dénouement de la crise syrienne, Kamal Labouani l’a bien compris. Le réfugié syrien, qui a démissionné récemment du CNS, s’exprime dans un entretien accordé au Figaro : « Pour faire partir Bachar, nous avons besoin que les Américains et les Européens travaillent avec les Russes ». Pour le quotidien, la Russie représente « la clé de la crise syrienne ».

Cette prise de conscience semble être partagée par Kofi Annan, qui a pris la mesure de l’impuissance d’une action tant que les vetos russes et chinois persisteront. La Russie étant l’allié diplomatique de la Syrie, sa voix pourrait résonner plus fortement auprès de Bachar al-Assad. En tout cas, si la Russie n’y parvenait pas, qui y arriverait ? La Russie est la dernière chance d’offrir une porte de sortie diplomatique au dictateur qui n’a cessé d’ignorer les sanctions onusiennes et condamnations internationales. L’acceptation du plan Annan par Moscou semble être un premier pas positif qui montre qu’un revirement russe est possible. Le deuxième signal est la volonté russe d’ouvrir une conférence internationale, réunissant tous les principaux acteurs, afin d’arriver à un compromis de partage des zones d’influence si Bachar al-Assad tombe, relate Le Figaro. Le simple fait que Vladimir Poutine envisage la chute du régime montre que son soutien n’est pas [ou plus] inconditionnel. Un espoir pour l’avenir de la Syrie, et la politique internationale, si les considérations humaines commencent à prendre le pas sur les repères stratégiques.

L’anticipation nécessaire de l’après-Assad

Si la Russie pose comme condition sine qua non l’anticipation claire et précise de l’après-Assad, c’est parce que le pays a en tête la situation irakienne post-2003. Les États-Unis croyaient en la stratégie d’éviction du dictateur, comme action initiale, sans se préoccuper des solutions politiques postérieures : le bourbier irakien qui s’en est suivi a servi de leçon. Chacun a aujourd’hui conscience qu’il est nécessaire de s’inquiéter de la stabilité d’un pays, avant toute intervention, même avec les meilleures intentions du monde.

La France, active et pragmatique

La France, de son côté, qui s’était montrée particulièrement proactive en Libye, prend une position de plus en plus favorable à l’arbitrage russe. Le Figaro cite un diplomate français : « Le dialogue avec la Russie est indispensable. Soit on adopte une approche conflictuelle qui mène au veto, soit on a une démarche constructive, à l’écoute des positions de Moscou, qui peut mener à une action convergente en Syrie ». Le plan Annan, toujours invoqué, n’ayant en effet eu les chances de montrer son efficacité, tant que les positions russes et chinoises n’étaient pas coordonnées.[Image:2,l]

La stabilisation de la crise syrienne, un enjeu autant politique qu’économique

La Russie connaît ses amis, mais recherche surtout à préserver ses intérêts dans la région. Vladimir Poutine sait qu’il a aussi besoin d’une stabilisation du conflit syrien pour des raisons économiques et diplomatiques. Deux motivations suffisantes pour l’inciter à accélérer un plan de sortie de crise. Pour cela, néanmoins, des négociations sérieuses et des compromis seront à faire : selon une source du Figaro, proche de François Hollande« il faudra donner des garanties aux Russes pour qu’ils fassent partie intégrante d’un processus ». En attendant, les victimes se multiplient et la population syrienne subit les conséquences d’un conflit qui s’apparente de plus en plus à une guerre civile.

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