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L’Otan refuse une intervention militaire, la Turquie veille

[image:1,l]Les membres de l’Otan ont tenu une réunion d’urgence, mardi 26 juin, après que l’armée syrienne a abattu un avion de combat turc, vendredi 22 juin.

L’Otan exprime son soutien à la Turquie

Un acte « inacceptable » aux yeux des 28 membres de l’Organisation, réunis à la demande de la Turquie.

Si Ankara espérait aborder la question d’une intervention militaire, rien n’a pourtant été décidé en ce sens. L’Otan a exprimé son « soutien et sa solidarité » envers la Turquie mais sans s’aventurer plus loin.

Lors de cette réunion, l’ambassadeur turc a expliqué les circonstances dans lesquelles l’avion turc F-4 Phantom a été abattu, au-dessus de la Méditerranée, dans les eaux internationales, alors que le pilote se prêtait à une séance d’entraînement.

« Tout élément militaire sera considéré comme une cible »

Le ton d’Ankara à l’égard de la Syrie monte. Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, lors d’un discours devant le Parlement, a affirmé que « les règles d’engagement des forces armées turques avaient désormais changé ».

« Tout élément militaire qui posera un risque et un danger de sécurité à la frontière turque en provenance de la Syrie sera considéré comme une cible militaire, » a-t-il affirmé.

Pour la Turquie, dont les relations avec la Syrie sont historiquement compliquées, le régime de Bachar el-Assad est « devenu une menace claire et proche pour la sécurité de la Turquie comme pour son propre peuple. »

Suspendre les exportations d’électricité

Ankara serait désormais prête à sanctionner, elle-même, le régime syrien. Dans les prochains jours, la Turquie pourrait décider de suspendre ses exportations d’électricité vers la Syrie.

« Nous avons considéré jusque-là pour des raisons humanitaires qu’il convenait de fournir de l’électricité à la Syrie, afin que la vie quotidienne de la population ne soit pas affectée » déclarait Bulent Arinc, vice-Premier ministre turc, lors d’une conférence de presse, lundi 25 juin.

« Le sujet est à l’ordre du jour du gouvernement. Je pense que d’ici un ou deux jours, il y aura une déclaration pour dire si nous continuons ou non. »

Ankara profiterait de la situation pour retrouver sa place dans la région

Face à ce ton menaçant, l’Otan choisit la prudence. Ces relations sensibles entre Ankara et Damas ne sont pas dénuées d’importants intérêts géopolitiques. Dans une interview au quotidien 20minutes, le spécialiste de la Syrie, Fabrice Balanche, a insisté sur les avantages que verraient Ankara à voir l’Otan intervenir pour mettre fin au conflit.

Selon lui, la Turquie a de grandes ambitions régionales, mais est isolée au sud, à l’est et au nord, « notamment par un axe Syrie-Irak-Iran soutenu par la Russie, et à l’ouest par leurs mauvais rapports avec la Grèce. Ce qu’ils veulent, c’est faire sauter le verrou syrien, car si Bachar el-Assad tombe, ils peuvent espérer voir s’installer un régime sunnite pro-saoudien, pro-occidental et donc pro-Turc. Là, la Turquie retrouverait un rôle régional. »

Pas de hasards ni de coïncidences pour Fabrice Balanche : « Il est clair que les Turcs ont envoyé cet avion pour tester les défenses syriennes. Maintenant, ils sont prévenus: s’ils en renvoient un, les Syriens tireront dessus. »

Devant la réticence, voire le refus, de l’Otan à intervenir, les Turcs comptent bien accumuler les preuves à charge contre la Syrie.

« C’est une stratégie de long terme que la Turquie veut établir, en accumulant les pièces à charge contre la Syrie à destination de l’Otan. Autant profiter de l’incident du F4 pour impliquer un peu plus l’Otan en vue, après la présidentielle américaine, d’une plus grande fermeté occidentale face à la Syrie. » ajoute Fabrice Balanche.

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