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Soulagement: les Grecs choisissent l’Europe

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Une majorité de justesse pour les conservateurs d’Antonis Samaras

Les Grecs sont-ils sortis d’affaire ? En recueillant 29,66% des voix aux élections législatives du 17 juin, la Nouvelle Démocratie d’Antonis Samaras obtient une fragile majorité de justesse et semble désormais incarner l’espoir d’une sortie d’impasse pour la Grèce, aux yeux de l’Union Européenne.

Grâce à cette majorité, le parti conservateur pourrait normalement parvenir à la formation d’un gouvernement de coalition dans lequel toutes les formations, favorables à la poursuite des mesures de rigueur qui sont la condition sine qua non à l’aide européenne, pourraient être présentes.

L’Union avec le Pasok d’Evangelos Venizelos?

Dès le lendemain des résultats, les tractations commencent d’ores et déjà entre tous les partis susceptibles d’intégrer ce gouvernement d’union nationale. Le Pasok, formation du socialiste Evangelos Venizelos, largement désavoué, comme lors des élections du 6 mai dernier, est arrivé en troisième position avec 12,28% des voix et obtient ainsi 33 sièges au Parlement. C’est finalement lui qui, malgré son faible score, devient la seule formation capable de créer une majorité absolue en s’alliant à Nouvelle Démocratie.

Evangelos Venizelos, leader du Pasok et également favorable à un gouvernement d’union nationale a tout de même rappelé qu’un « gouvernement d’union nationale suppose la participation de plusieurs forces de gauche », une position en faveur de l’intégration de Syriza dans le gouvernement, qui pourrait être source de blocage des négociations.

L’opposition active incarnée par l’Extrême-gauche

Une nouvelle fois, la deuxième force politique du pays est incarnée par la gauche extrême de Syriza, dirigée par le jeune Alexis Tsipras. Celui qui avait créé la surprise lors des dernières législatives et a confirmé dimanche sa position en recueillant 26,9% des voix. Cette gauche pro-européenne, mais fermement hostile aux mesures de rigueur imposées par les bailleurs de fonds de l’Europe avait promis, en cas de victoire, l’annulation pure et simple du mémorandum.

Syriza devient donc officiellement la première force d’opposition au gouvernement en cours de création. Une opposition qui aura largement assez de légitimité pour peser sur de nombreuses décisions. La droite d’Antonis Samaras n’arrive que peu de points devant la formation d’extrême gauche avec 29,6% des voix et ce n’est que grâce à la prime de 50 sièges offerts au parti arrivé en tête que Nouvelle Démocratie a désormais l’espoir d’atteindre la majorité absolue.

Pour construire cette majorité, Antonis Samaras pourrait également compter sur la participation de petits partis tels que Grecs indépendants (7,51% et 20 sièges) et la gauche démocratique (6,25% et 17 sièges).

18 sièges pour le parti d’Extrême-droite, Aube dorée

A noter également, la confirmation du bon score d’Aube dorée, parti d’Extrême-droite à tendance néo-nazie. Ils avaient déjà fait une entrée fracassante au Parlement en mai dernier et auront désormais 18 sièges au Parlement grâce à leurs 6,92%. Le KKE, parti communiste opposé à l’Union européenne et à l’euro, avec 4,51% des voix, auront 12 députés au Parlement.

Le nécessaire soutien de l’Europe 

Antonis Samaras, qui après son faible score du 6 mai, a rallié à lui de nombreuses voix en promettant, notamment, de ne pas baisser les salaires ni les pensions de retraites et de négocier l’étalement des mesures de rigueur imposées en échange du plan de sauvetage de 130 milliards d’euros négociés lors du Conseil européen du 27 octobre dernier, devra désormais tenir ses promesses.

Promesses qui ne seront envisageables qu’avec le soutien inconditionnel d’une Union européenne fermement décidée à ne pas laisser s’enfuir le mauvais élève de la zone euro.

Quelques heures après l’annonce des résultats, l’Europe respire de nouveau et semble prête à ces concessions promises.

Vers une renégocation des conditions européennes

En Allemagne, Angela Merkel a appelé Antonis Samaras, dans la soirée, pour le féliciter de « son bon score ». Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, s’est également réjoui du choix des Grecs et a fait un pas vers plus de souplesse à l’égard de la Grèce. « Je peux bien imaginer que nous discutions de nouveau des délais » pour la mise en place des mesures de rigueur.

Le ministre de l’Économie et des Finances français, Pierre Moscovici s’est également prononcé en faveur d’une rigueur équilibrée. « Il faut que les Européens accompagnent les Grecs vers la croissance, il faut de la discipline mais il faut aussi de l’espoir. »

Le soulagement de l’Eurogroupe

De leur côté, les ministres des Finances de la zone euro, dans un communiqué, ont appelé de leurs vœux à « la formation rapide d’un nouveau gouvernement grec qui mette en œuvre le programme auquel la Grèce et la zone euro se sont engagées en début d’année. »

Visiblement écartée, pour un temps au moins, du spectre de la sortie de la zone euro, la Grèce a visiblement la confiance prudente de l’Union européenne, lassée de ces déboires politiques internes et pressée d’en finir avec un peuple qui se borne à refuser de payer ses dettes.

L’Eurogroupe a annoncé, par un communiqué, attendre « que les institutions de la Troïka retournent en Grèce dès qu’un nouveau gouvernement sera en place, […] et se préparent au premier examen de la situation du pays, dans le cadre du second plan d’aide. »

Le FMI, membre de cette Troïka, s’est dit « prêt à discuter avec le nouveau gouvernement », tandis que Herman Van Rompuy, président de l’Union européenne et José-Manuel Barroso, président de la Commission européenne, actuellement au Mexique à l’occasion du G20, ont affirmé vouloir « continuer à soutenir la Grèce » dans un communiqué commun.

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